Exposition Universelle de 1851
Télécharger en PDFDans un contexte de révolution industrielle, d’épanouissement du capitalisme et du libre-échange, les expositions industrielles, d’abord nationales, permettent de partager les inventions qui ouvrent les horizons du futur. En 1849, l’Exposition des Arts et Manufactures Industriels à Birmingham ouverte par le Roi Albert donna à ce dernier l’idée d’élargir ce concept à l’échelle internationale, afin de pouvoir confronter les progrès de toutes les nations.
Ainsi la première Exposition Universelle se tint à Londres du 1er mai au 15 octobre 1851 au Crystal Palace. Le règne de Victoria démontra ainsi sa modernité et son adhésion à une philosophie libérale, où le commerce international serait garant de la paix et de l’épanouissement du génie humain.
Le Crystal Palace est imaginé pour l’occasion par Joseph Paxton, et réalisé par Owen Jones. Géant de fer et de verre d’une superficie de 8 hectares, édifié en peu de temps grâce aux méthodes modernes de préfabrication, il représente un tour de force démontrant les progrès de l’industrie. De surcroît, la reine Victoria met cette serre moderne au service de la préservation de la nature en y préservant des arbres centenaires, illustrant ainsi sa vision du progrès. Le Crystal Palace fut définitivement détruit dans un incendie le 30 novembre 1936.
Vitrine démonstrative de la suprématie de la Grande-Bretagne dans l’économie mondiale et dans l’industrie, l’Exposition est conçue comme la présentation des produits de l’art et de l’industrie à très grande échelle, de chaque pays. L’intérieur est segmenté en quatre sections qui furent reprises pour les prochaines Expositions Universelles : matières premières, machines, produits manufacturés et objets d'art. Pour chacune, des pavillons nationaux se font vitrine de leur meilleures productions et innovations. L’Angleterre consacre une part importante de l’édifice à l’exposition de sa propre production britannique et coloniale, elle est alors le plus grand Empire du monde.
Les illustrations en couleur de Dickinson sont de précieux témoignages de cet événement, on peut y voir la beauté du lieu où trônait la fontaine monumentale en cristal d’Osler, qui devint un des plus grands cristalliers du monde. Dickinson a aussi immortalisé les impressionnants pavillons de l’Inde, de la Chine, du Canada, ainsi que les machines de l’époque. La presse relaye abondamment les curiosités de l’Exposition, et certaines inventions étonnantes de l’époque sont encore préservées, comme le « Pronosticateur de tempêtes » du Dr George Merryweather.
La section des objets d’arts recèle des trésors d’ameublement et d’arts décoratifs, trumeaux, lits, chandeliers, services orfévrés. Dans le pavillon Français, la toilette de la duchesse de Parme de Froment-Meurice est très remarquée pour la qualité de son orfèvrerie, tandis que le siège mobile et pivotant de la section américaine est loué pour son ergonomie.
La France expose les orfèvres Froment-Meurice et Christofle , le bronzier Barbedienne , l’ébéniste Fourdinois dont les meubles sont jugés d’une valeur artistique égale à la sculpture. Les manufactures des Gobelins et de Sèvres sont aussi particulièrement mises en valeur.
Le pavillon « Medieval Court », également visible dans les illustrations de Dickinson, présente des objets décoratifs de style médiéval et du mobilier gothique en kit. Le fort retentissement de ce pavillon, aussi bien en Angleterre qu’en France, influence de manière décisive le style néo-gothique.
Empreinte de volonté pédagogique et d’affirmation nationale, l’Exposition Universelle de 1851 inaugure une pratique au succès retentissant, créant un dialogue artistique et technique au-delà des frontières.
Bibliographie
- Le livre des expositions universelles 1851-1889. Ed Union Centrale des Arts Décoratifs 1983.
- Le Palais de cristal : journal illustré de l'exposition de 1851
- Dickinson’s Comprehensive Pictures of The Great Exhibition of 1851, Londres, Her Majesty’s Publishers, 1854.