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Style Autre / Ref.10639

Clément MASSIER (1844-1911) céramiste, James VIBERT (1872-1942) sculpteur, "Homme enlevé par Morphée" grande coupe en faïence irisée

Dimensions
Largeur 16cm
Hauteur 49cm
Profondeur : 16cm

Époque et provenance:
France, XIXe siècle

Céramique irisée, émaux à lustre métallique
H : 49cm ; L : 15,5 cm ; P. : 16 cm.
Signé : « Clément Massier Golfe Juan (cm) »

Cette coupe symboliste en céramique à reflets irisés représentant « Homme enlevé par Morphée » a été réalisée autour de 1900 par le sculpteur symboliste James Vibert (1872-1942) et Clément Massier (1844-1917), membre de la famille Massier, dynastie de céramistes ayant introduit à Vallauris puis à Golfe-Juan une céramique d’art.
Un homme nu émerge des longues draperies d’une femme aux ailes d’ange déployées qui supportent une coupe ovoïde. Cet ange à la poitrine découverte regarde vers le bas l’homme engourdi qu’elle semble attirer irrésistiblement. De cette composition émane une grande douceur voire sensualité. Il s’agit probablement d’une représentation du mythe de Morphée, divinité des rêves prophétiques. Messager des dieux, Morphée apparaît le plus souvent dans les rêves sous forme humaine tout en étant une incarnation du fantasme. S’il est le plus souvent un homme aux ailes de papillon, l’iconographie de Morphée est évolutive et changeante, notamment en ce tournant de siècle où le symbolisme, libéré de toute tradition, s’appropria les mythes et légendes en faveur d’un imaginaire avant tout esthétique et personnel.

Réinterprétation du mythe de Morphée ou simple figure angélique, l’irisation métallique vert d’eau, violet et turquoise appuie l’aspect poétique de ce groupe et dont Clément Massier fit une spécialité. Il travailla en effet toute sa vie au perfectionnement des émaux à lustre métallique. Il s’agit d’un type de glaçure à irisations rendue possible par l’application d’un émail comportant des particules d’oxydes d’or, d’argent ou de cuivre. L’aspect à la fois brillant, métallique et chatoyant de cette technique confère aux objets une certaine préciosité ainsi qu’un aspect irréel et fantastique en adéquation avec les sujets représentés. Déjà utilisée par les céramistes hispano-mauresques de la Renaissance à Majorque, cette technique est découverte par Clément Massier vers 1886-1887, ce qui lui vaudra une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1889.
Il est par ailleurs intéressant de faire un parallèle entre l’étymologie d’« irisation » et le thème représenté. En effet, le terme est dérivé du nom d’Iris, messagère des dieux dans la mythologie grecque aux ailes colorées laissant sur son passage des traces d’arc-en-ciel. S’il ne s’agit pas d’une représentation de la déesse, l’association de cette palette avec ce sujet révèle une concordance entre l’aspect poétique de l’épisode mythologique et la présence de nuances aux couleurs de l’arc-en-ciel ; concordance remise à l’honneur dans ce Bol sculptural représentant des corps alanguis qui, telles des nymphes, se confondent avec des volutes et des algues. Conservé au Metropolitan Museum of Art, ce bol est également le fruit de la collaboration entre Clément Massier et James Vibert.
Les Massier, et Clément particulièrement, s’entourèrent souvent d’artistes de renom, s’inscrivant ainsi dans un courant caractéristique de l’époque qui a contribué au renouveau des arts décoratifs. Il travailla par exemple avec Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953), Jules Scalbert (1851-1933) et bien sûr James Vibert (1872-1942), sculpteur de nationalité suisse.
D’abord formé comme ferronnier à Genève, puis diplômé en modelage et en dessin à Lyon, James Vibert s’installa à Paris en 1892 où il fréquenta les cercles symbolistes. Il travailla d’ailleurs dans l’atelier d’Auguste Rodin de 1894 à 1898, avant de revenir en Suisse à l’aube du siècle suivant où il devint professeur à l’Ecole des beaux-arts de Genève. James Vibert collabora à de nombreuses reprises avec des céramistes comme le très connu Adrien Dalpayrat ou encore les frères Müller. Une lettre écrite de sa main, et relevée par Karine Lacquemant dans Massier, l’introduction de la céramique artistique sur la côte d’azur, met en lumière l’entente fructueuse entre le sculpteur et le céramiste :

« Je vous envoie le petit croquis que je vous avais promis et je profite de l’occasion pour vous remercier encore une fois de vos charmantes poteries qui font l’admiration de tous mes amis. Croyez à ma sincère sympathie. »

Ainsi, est publiée en 1899 dans la revue Art et Décoration une lampe intitulée Homme enlevé par Morphée, réalisée par Massier d’après un modèle de James Vibert. Il s’agit du même modèle que notre coupe, révélant ainsi une autre destination de l’objet.
Le thème emprunté au rêve et au fantasme autant que l’esthétique aux lignes tout en courbes et aux couleurs aquatiques sont des caractéristiques éminemment fin-de-siècle et dont Clément Massier s’inspira pour de nombreuses œuvres. L’oeuvre des Massier reflète d’ailleurs dans son ensemble la richesse des styles qui ont traversé le XIXème siècle et dont ils furent les témoins : si leurs premières réalisations sont marquées par leur historicisme et leur éclectisme, ils se consacreront plus tard à une production symboliste ou encore de style Art Nouveau. C’est par exemple une Loïe Fuller représentée pendant sa danse du feu aux draperies ondulantes que Clément Massier mettra en scène dans ce plat exposé au Metropolitain Museum of Art.

Clément Massier appartient à une dynastie de céramistes installée à Vallauris. Pierre Massier (1707-1748) fut le premier à initier cette tradition familiale. Si l’atelier eut d’abord une vocation utilitaire, il dépassa avec Jacques Massier (1806-1871) la simple poterie usuelle pour se consacrer à une céramique plus artistique qui connaîtra une grande fortune. Ce tournant se produisit au milieu du siècle, lorsque le potier italien Gondolfi Gaetano arriva, en 1859, à l’atelier Jacques Massier. Dès lors, la fabrique familiale prit un nouveau tournant. Ce dernier initia Delphin (1836-1907) et Clément à la fabrication d’émaux, à l’utilisation des moules en plâtre et fut à l’origine de la faïence émaillée. Les deux frères prirent toutefois rapidement leur indépendance : Delphin fit construire une manufacture de faïences artistiques à Vallauris tandis que Clément partit s’installer à Golfe Juan en 1883, là où fut conçue notre coupe. Ces deux entreprises se démarquèrent alors de l’atelier artisanale, une première dans la région. A la fin du XIXème siècle, les Massier jouirent d’une renommée internationale et leurs œuvres sont aujourd’hui encore parmi les plus prisées en matière de céramique.