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Style Autre / Ref.14290

Léon MESSAGÉ (sculpteur) avec la Maison BARBDIENNE (fondeur) pour François LINKE (ébéniste), Encrier en bronze doré de style rocaille, vers 1900

Dimensions
Largeur 35cm
Hauteur 28cm
Profondeur : 25cm

Époque et provenance:
France, 1900

Ce rare encrier en bronze doré fut dessiné par le sculpteur Léon Messagé vers 1900 pour orner un meuble précieux conçu par l’ébéniste François Linke.

Léon Messagé (1842-1901), d’abord référencé comme « sculpteur sur pierre » à Paris à l’âge de 20 ans, commença à collaborer avec François Linke vers 1885. Cet ébéniste important de la Belle Époque lui passa commande de nombreux modèles pour orner ses meubles et le fit connaître. Messagé demeura cependant un artiste indépendant ; il fut récompensé par une médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1889, et c’est lui travailla à tous les meubles importants du stand de François Linke pour l’Exposition Universelle de 1900. Messagé adopta l’asymétrie et le répertoire ornemental du style rocaille, tout en se l’appropriant et en lui imprimant un caractère propre.

À ce jour, seuls quatre exemplaires authentiques de cet encrier sont connus ; toutefois, à la différence du nôtre, tous ne portent pas la signature du célèbre fondeur Barbedienne, qui racheta probablement le modèle de l’encrier au sculpteur ou à l’ébéniste.

Bronzier et éditeur parisien, Ferdinand Barbedienne (1810-1892) fonda en 1839 une société en collaboration avec Achille Collas, inventeur du procédé de la réduction mathématique de la sculpture qui donna lieu à une production sans précédent. Tout au long de sa vie, Barbedienne collabora avec les plus grands artistes, sculpteurs ou ornemanistes de son temps. Outre les statues qu’il édita largement, il produisit une large collection d’objets décoratifs, telles que cet encrier. Présente à toutes les Expositions Universelles de son temps, la Maison Barbedienne fut régulièrement distinguée par des récompenses, notamment lors de l’ Exposition Universelle de 1855, où elle reçut la Grande Médaille d'Honneur. En 1859, la mort d’Achille Collas fit de Barbedienne lui le seul propriétaire de la fonderie. À sa mort en 1892, son hériter Gustave Leblanc-Barbedienne (1849-1945) reprit la fonderie qui devint alors la maison « Leblanc-Barbedienne », spécialisée dans les sculptures monumentales. Celle-ci resta en activité jusqu’à la moitié du xxe siècle.

Cet encrier s’inscrit à la perfection dans la lignée des arts décoratifs de style Louis XV ou rocailles. Tout en courbes et en contre-courbes dans sa structure, il repose sur plusieurs pieds disposés de manière asymétrique. Des décors aquatiques et de feuillages s’épanouissent sur la partie centrale de l’objet, mettant en valeur deux tourbillons susceptibles d’être soulevées pour découvrir les réservoirs à encre. Au sommet, un amour casqué tient un flambeau dans la main droite et lit une lettre.

L’objet s’inscrit ainsi dans l’un des historicismes qu’apprécia particulièrement le xixe siècle français. La reprise du style rocaille, développé par certains ornemanistes parisiens dans les années 1720, trouva un nouveau souffle chez les artistes du xixe siècle, qui en donnèrent une interprétation toute personnelle.

Le dessin préparatoire de Léon Messagé pour cette œuvre fut publié dans son Cahier des Dessins & Croquis, Style Louis XV en 1890. Seule la position de l’amour diffère légèrement ; sur le dessin préparatoire, il tient une flèche, ce qui renforce son identification à l’Amour.

Cet encrier s’inscrit ainsi parfaitement dans son siècle. Du fait de la référence à l’art du deuxième quart du xviiie siècle, mais également parce qu’il sollicita l’intervention d’un célèbre fondeur, à l’ère de la reproductivité des œuvres.