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Style Orientalisme / Ref.13027

Léon FREDERIC (1856-1940), Parodie du célèbre tableau de Benjamin CONSTANT (1845-1902) « Justinien », 1887

Dimensions
Largeur 333cm
Hauteur 191cm
Profondeur : 4cm

Époque et provenance:
Belgique, 1887

Ce très grand tableau réalisé par le peintre belge Léon Frédéric en 1887 représente une parodie du célèbre tableau du peintre orientaliste Benjamin Constant intitulé « Justinien » aujourd’hui conservé au Ringling Museum of Art en Floride.

Le tableau original exposé au Salon de Paris l’année précédente, en 1886, représente comme son nom l’indique l’Empereur romain d’Orient Justinien le Grand (492-565) portant la couronne impériale, assis sur un trône en marbre et entouré de ses conseillers assis sur un banc. Au premier plan, un homme assis sur le sol en marbre et dos au public déroule un manuscrit portant un texte en grec. La scène aux détails très travaillés, se déroule dans un luxueux décor orientalisant, souhaité le plus authentique possible par l’artiste qui a également utilisé les costumes et bijoux antiques comme source d’inspiration. L’importance de l’échelle de cette toile est complètement volontaire, en proposant une œuvre de cette dimension au Salon de 1886, le peintre orientaliste espérait enfin remporter une médaille d’or.

Malgré des retours admiratifs de la presse, le tableau fut considéré comme trop décoratif et ne reçut pas de médaille. Déçu, et d’autant plus que l’État ne chercha pas à l’acquérir, Benjamin Constant décide de le vendre au collectionneur américain Godfrey Mannheimer en 1887. Ce dernier en fit don trois ans plus tard au Metropolitan Museum of Art de New York qui l’exposa entre 1890 et 1928. Cette année le tableau fut rendu à la famille du donateur qui le vendit à un autre collectionneur américain, John Ringling. Il fut alors exposé au Ringling Museum au début des années 1940, puis gardé dans les réserves où il se détériora pendant de longues années. Ce n’est qu’en 2019 avec le soutien de la Getty Foundation que le tableau fut restauré et est désormais exposé à nouveau au sein du musée.

La même année où Benjamin Constant trouve un acquéreur pour son tableau, une exposition comique est organisée à Bruxelles au Musée du Nord : l’Exposition universelle Burlesque. Très peu documentée, on retrouve néanmoins un article à ce sujet dans le Gil Blas du 19 Février 1887 rédigé par Sicard qui écrit : « Il me reste bien peu de place pour vous parler, ainsi que je le voudrais et qu’elle le mérite, de l’Exposition universelle burlesque qui vient de s’ouvrir au Musée du Nord. C’est de la zwanze, comme on dit ici. Zwanze est un mot spécial, qui tient le milieu entre farce et fumisterie, et cette exposition burlesque n’est autre chose d’un salon amusant, une charge bon enfant, une parodie spirituelle et gaie de la peinture et de la sculpture contemporaine. On y blague tous les styles, tous les procédés, toutes les écoles, belge et française en tête. Il y a là sur les 250 toiles exposées, des charges, des caricatures, des pastiches de Puvis de Chavanne, de Benjamin Constant, d’Henner, de Béraud, de Redon et de bien d’autres que j’oublie, qui sont des modèles d’observation très délicate parfois, souvent fort malicieuse mais jamais méchante. »

C’est lors de cette exposition que le peintre Léon Frédéric expose sa parodie de Justinien. Peintre d’histoire et de tableaux d’église au début de sa carrière, après une formation dans l’atelier de Jean-François Portaels (1818-1895), il subit l’influence forte de la peinture réaliste tout en gardant des caractéristiques picturales qui lui sont propres. Nous pouvons notamment souligner un goût pour le silence, les scènes où les personnages paraissent rester dans leur bulle, indifférents à ce qui les entoure et un sens de composition par une mise en page souvent originale. Ses œuvres suffisent à classer Léon Frédéric comme l'un des maîtres du courant symboliste belge et annoncent même certains thèmes surréalistes.

En comparant ses autres compositions et l’attitude de ses personnages, il n’est pas très étonnant que Léon Frédéric se soit senti inspiré par le tableau de Benjamin Constant où l’on ressent également une certaine indifférence des protagonistes les un envers les autres.
Il reprend dans sa parodie la même composition et le même nombre de personnage en floutant néanmoins certains détails, notamment la richesse des costumes ou de la mosaïque murale. Les conseillers de Justinien ne changent pas de posture ou d’attitude, la parodie se joue sur l’empereur uniquement. Deux colonnes beaucoup moins élancées et plus larges encadrent le trône sur lequel Justinien apparaît disproportionné et plus petit que les autres protagonistes. Surélevé sur un immense piédestal en comparaison, ses accoudoirs sont également trop haut pour le corps de l’empereur l’obligeant à tenir une posture affaissée. Cette position lui enlève de sa splendeur et de son autorité, qu’il asseyait notamment dans la peinture originale par le positionnement de ses bras. L’humour du peintre est ainsi retranscrite par la réduction de cet empereur pourtant surnommé, Justinien le Grand.