Style Autre / Ref.15156

Puits doté d'une margelle à la tête de loup

Ce puits à la tête de loup peut être daté du xv^e ou du xvi^e siècle.

Il possède une base hexagonale en deux parties : la partie basse a probablement été exécutée dans une pierre solide, résistante à l’humidité, tandis que la partie haute fut réalisée dans une pierre plus tendre, propre à la sculpture. En effet, cette dernière est comme entourée par une corde sculptée dans la pierre et rythmée par deux écussons illisibles. Elle est également dotée d’une gargouille en forme de tête de loup, complétant le dispositif d’extraction de l’eau.

Ce dispositif est explicité dans l’article sur les puits du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xi^e au xvi^e siècle d’Eugène Viollet-le-Duc : la gargouille servait d’intermédiaire entre le seau qui servait à puiser l’eau, fixé à la corde du puits, et le récipient transportable destiné à la recueillir¹. Ainsi, la gargouille faisait en quelque sorte office d’entonnoir.

Le Dictionnaire raisonné publie une gravure d’un puits du xiii^e siècle présentant un modèle conforme au système décrit et très semblable au nôtre : s’y retrouvent la gargouille et l’écusson.

Ce modèle fut repris en continu jusqu’au xvi^e siècle, comme en témoigne la margelle qui se trouve dans la cour de l’hôtel de Cluny, à Paris. Ce puits provient du manoir de François Sauvage, contrôleur de l'argenterie de Charles VIII. Daté de la fin du xv^e ou du début du xvi^e siècle, il comporte une gargouille en forme d’« homme sauvage », en référence au nom de son premier propriétaire. Comme le puits à la tête de loup, celui de Cluny comporte une partie basse en pierre résistante à l’humidité et une partie haute en pierre tendre sculptée.


¹ Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, article « puits », p. 562-563.