Style Néo-Gothique / Ref.15412

Eugène PIAT (dans l’esprit de), Exceptionnelle paire de landiers aux dragons de style néo-gothique, seconde moitié du XIXe siècle

Cette exceptionnelle paire de landiers de style néogothique fut exécutée dans l’esprit du sculpteur Eugène Piat.

Frédéric-Eugène Piat (1827-1903) est l’un des principaux sculpteurs et ornemanistes français du xix^e siècle à l’origine du renouvellement et du développement de l’industrie française du bronze d’art. Dès les années 1850, il jouit d’une bonne réputation. Il collabora notamment avec le fondeur Louis Léon Marchand (1831-1899), et plus tard avec la fonderie du Val d’Osne. Membre de la Réunion des fabricants de bronzes, il devint par la suite l’un des fondateurs de l’Union Centrale des Beaux-arts appliqués à l’Industrie en 1864. En 1873, il fut fait chevalier de la Légion d’Honneur pour son fructueux apport dans le domaine de l’industrie du bronze d’art français. Il participa au Salon de 1874 ainsi qu’à neuf Expositions universelles dans la seconde moitié du siècle et reçut en 1889 le Grand Prix. Il fut renommé pour la qualité de ses productions, comme pour la beauté de leur style historiciste et éclectique.

Ces landiers s’inscrivent dans la manière historiciste de l’artiste. Les deux hauts chenets servent de supports à une pince et à un tisonnier, ainsi qu’à deux barres verticales. Ils reposent sur une base quadripartite ornée de volutes ; deux dragons symétriques, les pattes posées sur la barre supérieure, tiennent la barre inférieure dans leur gueule ; en partie supérieure, les chenets s’achèvent chacun sur une coupe ajourée ornée de courbes d’une grande délicatesse. La pince et le tisonnier s’adaptent parfaitement aux volutes sur lesquelles ils viennent s’attacher.

Le travail du bronze et de la ciselure est d’une finesse exceptionnelle. Chaque courbe est parfaitement définie, tandis que toutes les lignes droites sont soulignées par une frise géométrique décorative d’une grande régularité. La représentation des dragons est particulièrement soignée, tant dans leur pelage que dans leur grande expressivité. La symétrie rigoureuse des deux figures est accentuée par le mouvement souple de leur queue. Y répondent les deux têtes animales couronnant les accessoires de cheminée et tenant un anneau dans leur gueule.

Eugène Piat créa le modèle d’une paire de landiers en fer forgé et ciselé dans un style similaire à notre garniture (le « style de la fin du xv^e siècle », selon le catalogue des œuvres du musée des Arts décoratifs de Troyes de 1905 ) pour la maison Charles Morisot, une fabrique de bronzes d’art et d’ameublement parisienne spécialisée dans les garnitures de foyers avec lequel il travailla notamment en vue des Expositions universelles parisiennes en 1867, 1878 et 1889. Les supports des landiers du musée de Troyes destinés à recevoir la pelle et la pincette sont aussi particulièrement travaillés et, en partie haute, les deux coupes ajourées se rapprochent du motif adopté pour les nôtres. Par ailleurs, leur ornementation repose également sur un bestiaire fantastique rappelant les deux dragons de nos deux chenets, quoique plus discret. Ces landiers furent donnés par Piat lui-même au musée des Arts décoratifs de Troyes en 1894, année de sa fondation. La photographie de la garniture de cheminée in situ fut prise au début du xx^e siècle dans cet ancien musée. Ils se trouvent aujourd’hui au musée Saint-Loup.