Emile Leysalle
Télécharger en PDF Émile Leysalle encore jeune possède des facilités ainsi qu'une sensibilité qui lui font aimer tous les arts. Il devient sculpteur, statuaire, médailleur, graveur de l’École Française. En plus de sa qualification aux Beaux-Arts de Paris, il est peintre, poète et joue de l'harmonium et du violon. Après son apprentissage chez Mathurin Moreau puis avec Jean-Baptiste Carpeaux, il est reconnu pour son talent lors de l’ Exposition Universelle de 1867. C'est un an plus tard qu'il présente une statue du poète Lamartine lors de l'Exposition de l’École des Beaux-Arts de Paris.
Émile Leysalle se marie à 24 ans le 17 Août 1871 avec Augustine Aglaé Flouron avec qui il aura trois enfants : Cécile, Marcel et Georges. Après 7 ans de service en 1875 il obtient une feuille de route pour retourner dans son foyer, cependant ne trouvant pas de travail par les temps difficiles qui sévissent à Paris, l'artiste part pour Genève. Il devient professeur de sculpture à l’École des Arts Industriels de Genève, en Suisse où il restera dix ans.
Durant cette période, Émile Leysalle acquiert une grande réputation et beaucoup d'éloges, ce dont témoigne la presse de l'époque, à la fois comme professeur et comme sculpteur. Ses travaux sont nombreux et divers. Il réalise des médailles dans la forme de portrait-médallion comme celui du Docteur Lanne de 1878, présenté au Salon de 1875, la médaille d'Alphonse Poitevin en bronze célébrant l'utilisation de la force motrice du Rhône de 1886 ou encore celle célébrant le triomphe du Suffrage Universel en 1892.
Il réalise les décors sculptés de différents bâtiments de Genève. Pour le musée Ariana, il sculpte les portraits de Cervantès, Shakespeare, Gutenberg et Rousseau, bustes qui prennent place dans les niches ovales du musée construit à la fin du XIXe par Gustave Revilliod pour sa collection particulière. Il travaille également, en collaboration avec d'autres artistes, à l'élaboration de la façade d'apparat de la BFM, ancienne usine des forces motrices construite sur le Rhône entre 1883 et 1892. Le groupe sculpté est constitué de Neptune symbolisant le Rhône, entouré de Cérès, déesse de la moisson, et de Mercure dieu du commerce. En 1880, pour le Grand Théâtre de Genève il dessine les allégories pour « la Comédie » et « La Musique » qui seront ensuite sculptées par Iguel et Salmson. A la même époque, il réalise les sculptures des têtes de lions ornant la cheminée monumentale du foyer du Grand Théâtre de Genève.
Un article du 23 Juin 1880 paru dans La Tribune de Genève mentionne cette œuvre, l'artiste et ses élèves :
"Le rapport de l’École des Arts Industriels constate que cette école est en pleine activité. L'enseignement de la sculpture sur pierre et sur bois, sous l'habile direction de Monsieur Leysalle, fait maintenant partie de l'enseignement et l'on peut espérer que les élèves y trouveront les moyens pratiques de suivre une profession très lucrative. A la suite de l'incendie du 9 Décembre dernier, qui a éclaté dans la salle des cours de ciselure, cet enseignement a dû être donné dans un local plus restreint qui n'a pas permis d'admettre plus de 20 élèves. Les commandes affluent aujourd'hui à l'école, et indépendamment de la cheminée monumentale du foyer du Théâtre dont la décoration métallique sort entièrement de l'école, un grand nombre de travaux de tous genres destinés soit à des établissements publics, soit à des particuliers, sont entre les mains des élèves. C'est là un symptôme très réjouissant de la sympathie du public pour notre institution cantonale."
Émile Leysalle devient membre de la Société des Vieux Grenadiers en 1883 et élabore pour ce cercle une coupe en argent de 45 cm de haut et pesant trois kilos. Celle-ci est en forme de grenade enflammée portée par trois grenadiers, y sont inscrit les noms des membres du cercles ainsi que leur devise : Famille, Amitié, Patrie. Elle est présentée lors de l'Exposition Universelle de Zurich de 1883.
En 1884 est exposé le groupe sculpté Les Naufragés lors du Salon de Genève et cette même année est coulé en bronze un groupe représentant le Progrès qui est en réalité le Temps protégeant la Vérité, monument de 6 mètres de haut en bronze qui est offert à la Ville par le sculpteur. Ce groupe à déjà été présenté à l'occasion du Salon de 1882 et avait reçu les mentions honorables du jury, voici sa description :
L'Avenir : « La Vérité, armée du miroir de la Science, foudroie le Mal qui rampe sur la terre ; elle apporte l'Union universelle et la Liberté ; le Temps qui la découvre la protège. »
La Vérité, nue, debout, tenant dans la main gauche des fers brisés et un triangle, et, de la main droite, brandissant un miroir rayonnant, foule aux pieds un dragon terrassé. Au-dessus, le Temps, vieillard aux formes colossales, tenant dans la main droite une grande faux, l'abrite de ses ailes. Les deux figures posent sur une demi-sphère.
C'est en 1886 durant l’Exposition des Arts Décoratifs de Genève qu'il expose un groupe en terre cuite l'Age d'or. Il est mentionné dans La chronique des arts et de la curiosité un « groupe en marbre blanc de deux figures nues, par Émile Leysalle » daté de 1886 et intitulé Les danseurs, il s’agit d'une précédente appellation pour la même œuvre. Deux ans plus tard, il présente Daphnis et Chloé et l'Hésitation.
Il décide en 1888 de démissionner de son poste à l’école des Arts Industriels pour revenir à Paris. Il divorce en 1899 et quitte le pays pour l'Australie où il débarque en 1892, trouve du travail et s’intègre à la communauté française d'Australie.
Ses œuvres, sculptures ou médailles, sont conservées dans les musées français, suisses et australiens. Par exemple, Le coureur jouant avec un chien présenté à l'occasion du Salon de 1875 est conservé au Musée de Lyon. Citons comme exemples d'institutions étrangères possédant des pièces d’Émile Leysalle la National Gallery of Australia ou encore la National Portrait Gallery.
Bibliographie
Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants exposés au Grand palais des Champs-Elysées le 1er Mai 1877, Salon des artistes français, Impr. Nationale, 1877, Paris.
Biographical dictionary of medallists : coin, gem and sealengravers, mint-master, &c., ancient and modern, with references to their works B.C. 500 -A.D. 1900, Forrer Leonard, 1904, Spink & Son, London
Livre d'or du Salon de peinture et de sculpture : catalogue descriptif des œuvres récompensées et des principales œuvres hors concours, rédacteur Georges Lafenestre, Exposition des beaux-arts, 1882, Paris.
La Chronique des arts et de la curiosité, supplément a la gazette des Beaux-Art,ed. Gazette des beaux-arts, 1889, Paris.
La sculpture aux salons de 1881, 1882, 1883, et à l'Exposition nationale de 1883, Henry Jouin, ed. E. Plon, Nourrit et Cie, 1884, Paris.