Rouge du Languedoc
Télécharger en PDFConnu dès l'Antiquité, le marbre Rouge du Languedoc est extrait dans plusieurs communes de la région du Languedoc-Roussillon et dont les principales et les plus anciennes carrières sont Caunes-Minervois (Aude) et Félines (Hérault). Le Rouge Languedoc varie depuis le rouge orangé jusqu'au rouge vif accompagné de larges veinages blancs. Raban Maur en parle et le décrit comme étant « d'écume et de sang mêlés ». Il est surtout utilisé en architecture, en revêtement de mur, pour les cheminées, le mobilier et le travail de marqueterie.
Le marbre Rouge du Languedoc fut largement employé pour la réalisation de cheminées anciennes, notamment au XVIIIè siècle. C'est ainsi que le Grand Trianon de Versailles, construit pour Marie-Antoinette, montre plusieurs cheminées réalisées dans ce marbre, ainsi qu'un sol rayonnant en marbre de Carrare, Noir de Belgique et Rouge du Languedoc qui orne le Salon Rond. Ce même Salon Rond est décoré d'une grande cheminée en marbre Rouge du Languedoc. La Salle de Musique du Grand Trianon est également pourvu d'une grande cheminée réalisée dans ce même marbre.
Le péristyle extérieur du Grand Trianon du Château de Versailles alterne pilastres engagés et colonnes monolithiques en marbre Rouge du Languedoc.
Le marbre Rouge du Languedoc est extrait depuis l'époque romaine mais l'exploitation fut relativement faible jusqu'à la fin de la Renaissance. L'extraction en grandes quantités intervient au début du XVIIè siècle. En 1615, l'abbé Jean d'Alibert rencontre le sculpteur romain Stefano Sormano et lui confie pour mission de trouver les carrières de marbre qui se trouvent sur le domaine de son abbaye de Caunes. Suite à la découverte importante faite par Sormano, des blocs de ce marbre furent envoyés en Italie et la pierre connut un immense succès, sous le nom de « Rosso di Francia ». L'exploitation des carrières fut rapidement dominée par les italiens et la production essentiellement destinée à l'Italie. En 1658, un marbrier français, Jean Baux, arrive à Caunes. Le Rouge du Languedoc connaît alors un emploi plus national. Jean Baux fournit ainsi le marbre pour le jubé de Sainte-Marie d'Auch et le retable de la cathédrale de Toulouse.
Les carrières sont faites carrières royales en 1692 et sont sous l'intervention directe des Bâtiments du Roi. Appelée la « Carrière du Roy » durant le règne de Louis XIV, ce dernier l'utilisa beaucoup, notamment pour le Palais de Versailles, celui de Saint-Cloud et beaucoup d'autres constructions royales. Le Rouge du Languedoc est ainsi utilisé pour la construction du Petit Trianon de Versailles par Ange-Jacques Gabriel. Plus tard, cette pierre fut largement utilisée dans tous types de constructions en France, en Europe et jusqu'aux États-Unis.
Il existe plusieurs autres carrières d'où est extrait le Rouge du Languedoc. La carrière de Notre-Dame-du-Cros fut exploitée jusqu'à la fin du XXè siècle. Une autre carrière est celle de Saint-Nazaire-de-Ladareze dans le département de l'Hérault. Le marbre extrait de cette carrière est appelé « Rouge Incarnat » et existe toujours. Ce marbre était également extrait plus au sud, à Villefranche-de-Conflent, sous le nom de « Incarnat de Villefranche ». Cette carrière est fermée depuis de nombreuses années. D'autres carrières historiques sont l'Hôpital, Portes et Alès.
Bibliographie
J. Dubarry de Lasalle, Identification of marbles, Ed. H. Vial, Dourdan, 2000
J. Dubarry de Lasalle, Use of marbles, Ed. H. Vial, Dourdan, 2005
P. Julien, Marbles, From Quarries to Palaces, ed. Le Bec en l'air, Manosque, 2006
Marmi antichi, collective work, ed. De Luca, Rome, 1998