Tahan
Télécharger en PDF« Maison unique pour son genre de fabrication et qui a su s’imposer, par suite du bon goût de ses compositions. Chez Tahan, on ne regarde jamais au prix : l’important est que le nom Tahan figure sur l’objet » (Pierre Giffard, Les Fourchambault, 1878).
« Prince de la petite ébénisterie », Tahan a marqué son époque par le soin apporté à chacune de ses pièces, à la fois objets d’art et d’utilité. Généralement de dimensions petites ou moyennes, ces meubles ont envahi les intérieurs bourgeois, si bien que selon le Manuel de l’économie élégante (1859), « ils font à eux seuls toute la physionomie de l’époque ».
C’est en Belgique à Spa, petite ville d’eau des Ardennes, que Pierre Lambert Tahan, tabletier de profession, commence ce commerce au destin formidable. Il quitte Spa pour Paris en 1804, et installe sa fabrique de « boîtes et nécessaires » dans le quartier du Temple.
Son fils Jean Pierre Alexandre (1813-1892) naît ainsi à Paris, et l’aide dès 1837, pour reprendre la direction totale de l’entreprise en 1844, son père cessant alors toute activité. Jean Pierre Alexandre va alors mettre à profit son ingéniosité pour commencer sa grande œuvre de pionnier.
Tout d’abord, il sépare l’atelier rue de Quincampoix, du magasin de la rue basse du rempart. Il développe la production de coffrets mais réalise aussi de plus grands meubles, bonheurs du jours, bureaux, tables à ouvrages. Dès 1845, il commence également à faire sa publicité dans les journaux, une pratique encore peu utilisée.
« Fournisseur du Roi et des Princes », il remporte dès 1849 une médaille d’argent à l’Exposition des produits de l’Industrie, et on le nomme alors « le prince de la petite ébénisterie ». En 1855, il porte le titre de « Fournisseur de l’Empereur », lors de l’Exposition Universelle où il expose une extraordinaire volière sculptée. La Cour lui passe en effet une grande quantité de commandes dont des jardinières en bois de rose, des tables de salon pour le Palais des Tuileries, et une étagère en acajou et bronze doré pour le bureau de Napoléon III. Son magasin migre 34 rue de la Paix (1849 -1866), puis 11 Boulevard des Italiens (1866-1878).
En 1861, Tahan est ainsi désigné comme « l’un de ces fabricants qui devancent la mode et donnent le ton au lieu de subir ». (La Chronique des Arts et de la Curiosité). En effet, il collabore rapidement avec Julien-Nicolas Rivart pour incruster ses meubles de fleurs de porcelaine, qui rentreront dans son vocabulaire privilégié. C’est alors une technique inédite, qui le place à la pointe de la modernité.
Médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1867, Tahan emploie à la fin du Second Empire plus de deux-cent employés, dans plusieurs ateliers. Tahan est, comme Rivart, un esprit enthousiasmé par les inventions de la seconde moitié du XIXe siècle, et dépose lui-même un brevet pour le pupitre à cylindre, ainsi qu’un autre pour des portes-documents avec devanture translucide en 1858.
La Maison Tahan décline après la chute de l’Empire qui l’avait tant soutenu. Ainsi, en 1882, la fabrique cesse de produire et le magasin ferme ses portes.
Bibliographie
«Tahan, Jean Pierre Alexandre (1813-1892)», correspondance familiale [On line], Compléments historiographiques, Biographies, T,mis à jour le : 04/07/2011
Ministère du commerce, Catalogue des brevets d'invention, 1er janvier 1858.