Tour Eiffel
Télécharger en PDFTour à tour décriée et admirée, la Tour Eiffel a connu une histoire riche et mouvementée qui a participé à la construction de son image dans l’inconscient collectif jusqu’à en faire le symbole de Paris. En projet dans les bureaux de la Société Gustave Eiffel depuis 1884, elle est édifiée à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1889, célébrant le centenaire de la Révolution française.
Le projet initial est l’œuvre conjointe des ingénieurs et collaborateurs d’Eiffel, Maurice Koechlin et Emile Nouguier, de l'architecte Stephen Sauvestre, et de Gustave Eiffel lui-même, seul à pouvoir matérialiser ce projet de papier. Un brevet d’invention est déposé, au nom des quatre hommes, et les dessins sont montrés à l’Exposition des arts décoratifs de Paris de 1884. L’idée d’une tour de grande hauteur est dans l’air du temps aussi bien en France qu’aux États-Unis où des projets et des tentatives fleurissent. Dans ce contexte, le projet d’une tour en fer de 300 mètres est inscrit dans l’arrêté du 1er mai 1886 fixant les conditions du concours en vue de l’Exposition de 1889.
La commission confie à Gustave Eiffel et Stephen Sauvestre la construction de la Tour en déclarant qu’elle « devait apparaître comme un chef-d’œuvre original d’industrie métallique ». Il est également décidé qu’elle sera installée sur le Champ-de-Mars et servira d’entrée monumentale à l’Exposition. Sa construction alimente les débats autour de l’esthétique d’une architecture de métal, jugée trop industrielle. Le point culminant est la parution, dans Le Temps du 14 février 1887, d’une « Protestation des artistes », signée par les plus grands noms du milieu intellectuel et artistique comme l’écrivain Maupassant, le poète Leconte de Lisle, les peintres Bouguereau et Meissonier, l’architecte Garnier… Cependant dès son inauguration, la Tour connaît un succès populaire immense et trouve un large écho auprès des parisiens.
Réalisée pour une Exposition Universelle dont le principe est le caractère éphémère des bâtiments, la Tour est menacée de destruction à partir de 1903. Eiffel s’emploie alors à démontrer l’utilité scientifique de la Tour en y installant une station météorologique et en y réalisant des expériences dans les domaines de l’aérodynamique et de l’astronomie. Enfin, en 1904, est installé un poste de télégraphie sans fil qui sera d’une grande utilité pendant la Première Guerre Mondiale. La Tour prend alors dimension patriotique. Dans l’entre deux guerre, des artistes comme Delaunay, Cendras et Apollinaire l’intègrent dans leurs réflexions plastiques et littéraires. Elle devient ainsi le symbole de l’avant-garde pour toute une génération. L’occupation par la Wehrmacht en 1940 et les exploits de l’aviation naissante à la Libération ont fini d’inscrire ce monument dans l’histoire de la ville et dans l’imaginaire collectif.
Bibliographie
- Frédéric Seitz, La Tour Eiffel Cent ans de sollicitude. Ed Belin Herscher 2001