menu
Menu
account_box
Catégories
Contact
email Send us a message

Nous contacter

phone Par téléphone

+33 (0)1 42 25 12 79
Mar. - Sam., de 14h à 19h
+33 (0)6 60 62 61 90
Tous les jours, de 9h à 19h

email par Email

Plans & Adresses: contact@marcmaison.com

share Let's get social

Langue
Et aussi...
Ma sélection
(3 Objets)

Ma sélection (3 Objets)


DRESSOIR CHIMÉRIQUE

Ref.15877
DRESSOIR CHIMÉRIQUE

Cette imposante armoire dressoir en noyer sculpté est un tour de force d’invention artistique et de technicité. Proche de la production néo-Renaissance toscane de la deuxième moitié du XIXe siècle, cette pièce exceptionnelle mêle brillamment vocabulaire renaissant et iconographie diabolique. Reposant sur cinq pieds, l’emmarchement à quatre pans développe une plinthe moulurée et présente trois hauts pieds anthropomorphes servant de support au corps. Le panneau dorsal est orné de rosaces en bas-relief. Deux rangées de quatre tiroirs richement sculptés se superposent. Le second niveau légèrement en retrait sert de base aux battants juxtaposés séparés par une sculpture féminine dans une niche. Les montants latéraux sont également décorés : motifs en cible, poignées de fer, chimères et sculptures féminines d’angles. Ce dressoir aux accents fantastiques est sommé d’une frise représentant des scènes de l’Ancien Testament. Une corniche à l’antique couronne l’ensemble. Aux sources de l’historicisme et du style néo-RenaissanceLes arts décoratifs et l’architecture du XIXe siècle européen sont marqués par une suite ininterrompue de transitions de styles historicistes : néo-classique, néo-gothique, néo-roman, néo-renaissance, néo-byzantin… Le recours délibéré à des modèles et à des formes empruntées au passé est une des caractéristiques de l’historicisme. Chimères, rinceaux, cariatides et mascarons constituent le répertoire décoratif du style néo-Renaissance, largement influencé en France par la redécouverte de l’ébéniste bourguignon du XVIe siècle Hugues Sambin. Apprécié du public dès les années 1840, le règne de Napoléon III marque l’essor de ce courant artistique. L’Exposition universelle de 1867 consacre l’apogée du style ; c’est à cette occasion qu’Henri-Auguste Fourdinois réalise son célèbre cabinet à deux corps, conservé au Musée des Arts décoratifs de Paris (inv. 29921). En France, la dénomination « style Henri II » traduit en réalité une production plurielle – comme c’est le cas en Italie pour le stile umbertino aux forts accents renaissants.Le goût pour le style néo-Renaissance est particulièrement vif dans les territoires italiens où il accompagne la construction de l’identité nationale : artistes et intellectuels aspirent à en faire un style spécifiquement italien. En 1883, le théoricien et architecte Francesco De Cesare affirme dans Dello stile architettonico proprio italiano que le style néo-Renaissance est celui qui convient le mieux au peuple italien car il possède le double bénéfice d’être ancien et de dépasser les régionalismes. L’intérêt grandissant pour cette esthétique va de pair avec une nouvelle conscience historique : la jeune nation italienne adopte ainsi le répertoire décoratif d’une période glorieuse de son passé.Un dressoir chimérique toscanEntre Sienne et Florence à partir des années 1860, les ateliers de Bartolozzi et Ferri, Egisto Gajani, Angiolo Barbetti et son élève Pietro Giusti, Pietro Cheloni et Luigi Frullini produisent d’importantes pièces inspirées du répertoire ornemental renaissant. Inventions, réappropriations et pastiches sont présentés par les ébénistes toscans aux Expositions universelles de 1876 et 1878.Inspirée de réalisations contemporaines et antérieures, notre armoire dressoir est un exercice de style d’une grande maîtrise technique. L’artiste use brillamment des vocabulaires ornementaux Renaissance et néo-gothique pour créer un meuble d’une grande originalité. Bien plus qu’un élément de mobilier, cette pièce est une scène de théâtre où des forces obscures et maléfiques sont mises en scène poursuivant les âmes des damnés.Sur les battants, deux monstres sont représentés : le premier au centre de la rosace, le second en son centre inférieur. Ils peuvent être rapprochés de la figure représentée sur le chapiteau du banc monumental en noyer réalisé par Giovanni Sammicheli entre 1895 et 1897 ou de celle ornant le bord inférieur du cadre d’Egisto Gajani, sculpté à Florence en 1871. Au centre de la partie supérieure du dressoir, une tête monstrueuse avec des serpents en guise de moustaches présente des traits similaires. La ronde infernale des rosaces décrite par des visages fortement individualisés se résout en son sommet par une gueule de l’enfer biface prête à dévorer les âmes tourmentées. S’inscrivant dans la tradition des sculpteurs gothiques, l’artiste illustre la menace de la damnation éternelle qui pèse sur tous les hommes, quel que soit leur rang où leurs richesses.L’emploi de dragons dans les écoinçons des vantaux est proche de la solution formelle adoptée par Pietro Giusti en 1862 dans son cadre en noyer conservé au Victoria & Albert museum. Le fronton cintré à faux jour présente un visage angélique circonscrit d’ailes – motif proche du centre des rosaces des battants de notre mobilier. Sans doute inspiré par Giusti, notre artiste le dépasse dans le rendu virtuose de l’ange et du démon enveloppés de leurs ailes au centre de la frise historiée.Le goût pour les êtres chimériques est manifeste dans l’armoire réalisée en 1869 par Francesco Morini où des atlantes sont séparés par un masque inquiétant orné de cornes de bélier. Proche de cet exemple, des atlantes ponctuent les tiroirs du registre supérieur de notre pièce et soutiennent le corps principal du meuble, emportés par des démons dans les angles extérieurs. L’iconographie diabolique se traduit par des emprunts au registre gothique : en guise de chapiteaux historiés, des créatures fantastiques à l’allure de gargouilles se disputent les âmes humaines. L’artiste déploie sur les tiroirs des scènes amusantes où des démons entraînent les damnés qui semblent prendre leurs traits physiques. Adossés au médaillon central, des démons ailés se battent avec des monstres à têtes d’oiseaux en tirant les queues de malheureux êtres difformes accroupis. D’autres scènes sculptées sur les tiroirs semblent représenter une bataille entre le bien et le mal : un singe vêtu d’une bure de moine tient un crucifix tiré par un monstre tandis qu’un autre tire sur une corde au bout de laquelle un crucifix pourrait être attaché et avalé par la chimère. Dans ces scènes de grotesques, le sculpteur donne des traits simiesques à des personnages religieux, procédé courant dans les représentations critiques de l’Humanité.D’inspiration antique, les cariatides de la partie inférieure du dressoir citent la base chantournée de la torchère de Francesco Poccetti, conservée au Palazzo Pitti (fig. 9.a et 9.b) tandis que les membres inférieurs des faunes qui les accompagnent prennent la forme de puissantes serres. Les visages de ces inquiétants satyres empruntent largement leurs traits au registre méphistophélique : nez et barbe pointues, visages émaciés, coiffure échevelée et oreilles étirées. Ce dressoir est un théâtre ambivalent où la fébrilité de l’humanité affronte de puissantes forces obscures. Les têtes de chouettes habilement nichées dans le chapiteau au-dessus des faunes en témoignent : animal d’une grande intelligence capable de voir dans l’obscurité, il est un attribut iconographique traditionnel de la sagesse comme de la folie. Au centre du panneau dorsal, une femme nue victorieuse d’un démon mime l’archange Michel. Au sommet du dressoir, de la gauche vers la droite, une frise historiée figure la création de l’homme et de la femme, leur bannissement du paradis terrestre, le labeur de la première famille et la vie d’un saint enlevé par un ange, faible lueur d’espoir dans cette pièce de mobilier aux accents infernaux.Les personnages féminins dans les niches arborent des attributs domestiques et agrestes qui contrastent avec le reste du décor : cruche, pot, fleurs, faucille. Au centre du dressoir sur un support en forme de balustre, une mère donne le sein à son enfant tandis qu’un jeune garçon tire sur sa robe et un autre libère un oiseau. Les éléments de comparaison formelle et matérielle – utilisation du noyer, densité de la composition, motifs d’inspiration Renaissance – permettent de rapprocher notre dressoir des réalisations d’Angiolo Barbetti, Pietro Giusti, Carlo Bartolozzi, Nicodemo Ferri ou Luigi Frullini. Ces indices suggèrent une datation de la deuxième moitié du XIXe siècle et une production toscane.

Dimensions
Largeur : 161 cm
Hauteur: 190 cm
Profondeur : 55 cm