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Jardin d'hiver attribué à Paul Sédille, décoré par Jules Loebnitz
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Découvrez les œuvres de Jule Paul Loebnitz. Artiste autant qu’industriel, il donna une impulsion nouvelle à la manufacture de faïence
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Retrouvez les œuvres de Jule Paul Loebnitz exposées dans notre stand au Marché Paul Bert aux puces de Saint-Ouen
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Ce jardin d’hiver témoigne de manière exceptionnelle de la collaboration entre Paul Sédille (1836-1900) et
Jules
Loebnitz (1836-1895) ainsi que de l’apparition des décors d’inspiration orientaliste à la fin du XIXe
siècle. La
signature au dos des carreaux de céramique « Maison Pichenot, J. Loebnitz successeur, Rue des Trois-Bornes
n°7
et Rue Pierre Levée n°4 Paris » permet de dater précisément sa réalisation entre 1872 et 1878.
L'inspiration mauresque
Le décor de céramique qui recouvre les parois de cette boiserie
révèle des
couleurs éclatantes, des
camaïeux
de bleus rehaussés de jaune, de rouge et de noir. La cheminée monumentale, réalisée en scagliola avec
panneaux de céramique et émaux cloisonnés sur laiton, est également décorée de muqarnas. La richesse du
décor architectural n’a d’égale que l’éclat des couleurs apporté par l’emploi de la céramique.
Le sol est composé d’un décor en mosaïque qui s’accorde parfaitement avec la céramique de Lœbnitz. Le
jardin
d’hiver comporte également plusieurs éléments en fer forgé, notamment les portes-fenêtres et la rotonde.
Jules Loebnitz intervient ici avec un décor de céramique dont l’abondance des couleurs vient souligner
les
lignes architecturales de cette pièce unique. La partie supérieure de la cheminée est ainsi ornée d’une
superbe composition florale inspirée des motifs du sud de l’Espagne qui évoquent fortement le Palais de
l’Alhambra à Grenade, notamment le décor de la porte de la Barca. A la droite de la cheminée s’ouvre une
rotonde composée de boiserie et ornée au plafond de moucharabieh. Son entrée à arcatures n’est pas sans
évoquer les superbes arcades de la Maksourah de Cordoue, lesquelles furent croquées par Paul Sédille en
1871
à l’occasion de son voyage en Espagne.
La famille Maquet-Nicolle
Ce jardin d’hiver hispano-mauresque prolongeait l’un des salons
de l’ancien
hôtel particulier de la
famille Maquet-Nicolle, situé au 35, Boulevard Vauban à Lille et construit en 1868 comme l’indique la
date sur la façade. Alfred Maquet (1836-1882), un négociant dans le commerce de fils et de lin, y a vécu
avec sa jeune épouse Pauline Nicolle (1850-1931), elle-même issue d’une grande famille de filateurs du
Nord. Le couple, marié le 22 novembre 1869, réside boulevard Vauban dès 1873 – l’année de naissance de
leur fils Émile – et devient propriétaire de la demeure en mai 1882. Pauline Nicolle y vivra jusqu’à son
décès en 1931. Alfred et Pauline Maquet sont issus de la bourgeoisie lilloise de l’industrie textile et
du négoce des fils. L’industrie textile, et plus particulièrement la production de fil, devient une
spécialité lilloise au cours du XIXème siècle.
La famille Maquet, installée à Lille depuis le XVIIIème siècle, n’est pas une dynastie patronale «
industrielle », mais une famille de marchands qui s’est spécialisée dans le négoce des lins. Les
familles de négociants sont proches de l’industrie textile et des milieux manufacturiers, avec lesquels
ils s’allient à travers les affaires et par le mariage, mais elles restent axées sur la vente plutôt que
sur la production, bien qu’elles dirigent de véritables firmes. A partir de la deuxième moitié du XIXème
siècle, beaucoup de grandes familles de négociants accèdent à l’industrie et à la production.
Maquet, cependant, restent essentiellement une famille de commerçants. Le père d’Alfred Maquet, Henri
Maquet (1801-1867), était un grand négociant lillois qui épousa Stéphanie Verstraete, sœur des frères
Verstraete, industriels filateurs à Lille et Lomme. Les fils des Maquet-Nicolle, Émile (1873-1960) et
Henri (1876-1943), resteront eux aussi négociants à Lille.
Le voyage de Sédille en Espagne
En 1871, Paul Sédille effectue un voyage en Espagne pour
découvrir l’art
mauresque à Grenade, Séville et
Cordoue. Il est extrêmement impressionné par les monuments polychromes présentant une ornementation
abstraite, florale, avec une gamme simplifiée de tons. Le jardin d’hiver est très probablement influencé
par ce voyage formateur. On remarque la ressemblance entre le décor de la partie basse du mur et celui
du Palais de l’Alhambra à Grenade, notamment le décor de la niche de la porte de la Barca et les
muqarnas du linteau de la cheminée.
L’ouverture à arcatures de la rotonde du jardin d’hiver rappelle les arcatures en fer à cheval
polylobées de la Maksourah de Cordoue que l’on retrouve dans les croquis de Sédille. De ces voyages,
Sédille reviendra avec des carnets de croquis remplis qui donneront naissance à des motifs confiés à
Loebnitz pour une déclinaison sur ses céramiques. A cet égard, il indéniable que les décors de
l’Alhambra ont largement inspiré le décor de notre Jardin d’Hiver.
Maksourah de Cordoue, croquis de Paul Sédille
Façade du magasin Le Printemps réalisé par l’architecte Paul Sédille en 1889
Sédille, architecte du grand magasin Le Printemps
Après l’incendie de 1881 qui détruit le Printemps construit en
1863, son
fondateur Jules Jaluzot (1834 –
1916) choisit l’architecte Paul Sédille pour la reconstruction. L’architecte a fait preuve d’ingéniosité
et de modernité en utilisant notamment le fer pour toutes les structures de l’immeuble. Le Printemps est
rapidement considéré comme le grand magasin modèle. Les historiens d’art et d’architecture le
reconnaissent aujourd’hui comme le prototype du grand magasin mais aussi de l’édifice industriel
moderne.
La collaboration entre Sédille et Loebnitz
Pour Sédille, le décor architectural doit être polychrome et la
polychromie
architecturale intrinsèque à
l’immeuble, c’est-à-dire qu’elle doit vivre aussi longtemps que celui-ci. C’est pour cela qu’il voit la
céramique comme le matériau roi du décor architectural.
Le procédé de fabrication de panneaux de faïence ingerçable (résistant au froid), propre à la
manufacture Pichenot-Lœbnitz, permet de résoudre le problème du « gerçage » de l’émail en modifiant la
composition de la pâte plutôt que celle de l’émail. Ainsi, au début des années 1870, Lœbnitz se tourne
vers la production de céramique architecturale. De plus, les grandes plaques de faïence ingerçable
peuvent être décorées de peintures de couleurs vitrifiables très brillantes et de coloris très durables.
Ce sont les innovations dans la céramique architecturale par Lœbnitz qui permettent à Sédille de
satisfaire sa volonté d’une architecture polychrome.
En 1889, dans une lettre concernant l’Exposition Universelle de Paris, Sédille donne des conseils à son
bon ami Lœbnitz, puis il lui dit :
« Je termine donc souhaitant avec vous la généralisation de notre rêve commun, celui d’une décoration
vraie, colorée et durable par les terres et les émaux sortis inaltérables du feu. »
Le jardin d’hiver, une des nombreuses collaborations entre l’architecte Paul Sédille et le
céramiste-faïencier Jules-Paul Lœbnitz, est un bel exemple de la polychromie architecturale et du goût
de l’époque pour le style orientaliste.
Façade des ateliers de Jules Loebnitz au 4 rue de la Pierre Levée réalisée par l’artiste et Paul
Sédille
Mosaïque sur le sol du jardin d’hiver, attribuée à Facchina
Sédille, architecte du grand magasin Le Printemps
Giandomenico Facchina (1826 – 1903) était un mosaïste italien, restaurateur de mosaïques anciennes en Frioul puis à Venise. Lorsqu’il se rend compte que la politique artistique italienne mènerait à la décadence de l’art de la mosaïque, il décide de partir pour la France. Après une installation à Montpellier où il brevète une méthode pour enlever et rétablir sans dégradation les mosaïques anciennes, il est choisi par Charles Garnier pour la réalisation des mosaïques de l’Opéra de Paris. Il met en place une nouvelle méthode permettant un gain de temps et une réduction des coûts : au lieu d’exécuter les mosaïques sur place, il les exécute commodément sur une table et les met en place en bloc par vastes surfaces. Il reçoit une médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1878 et est nommé par la suite Chevalier de la Légion d’honneur.
Il a travaillé avec de nombreux architectes dans les dernières décennies du XIXe siècle pour contribuer avec ses décors de mosaïques à la polychromie architecturale. Parmi ces architectures, on peut nommer Sédille avec qui il collabore en 1875 pour les mosaïques de la façade du Printemps ou encore pour les ornements du tombeau de la famille de M. Brot au Père Lachaise. On lui doit aussi le très riche sol de mosaïque de la galerie Vivienne à Paris ou encore celui du Petit Palais et bien d’autres. Ainsi, c’est très certainement que Sédille a fait appel à lui pour la réalisation des mosaïques au sol de notre jardin d’hiver.
L'orientalisme
Pour défendre la polychromie architecturale, Sédille utilise
souvent des
références à l’art oriental,
très en vogue depuis le début du XIXème siècle en Occident. L’ « Orientalisme » est un courant
artistique de cette époque dérivé de celui du « Romantisme » et déclenché par l’invasion de l’Égypte par
Napoléon en 1798. De nombreux artistes voyagent au Proche-Orient pour en donner une interprétation
luxuriante et fantasmée. On retrouve ce courant artistique dans les tableaux mais aussi dans
l’architecture et les arts décoratifs. De nombreuses œuvres font apercevoir la polychromie
architecturale orientale, qui inspire grandement Paul Sédille.
Inspiré par le courant orientaliste de son époque et par son propre voyage de découverte de l’art
islamique en Espagne, Paul Sédille nous livre un magnifique jardin d’hiver coloré d’un bleu turquoise
éclatant, grâce à la céramique architecturale de Jules Lœbnitz. La rareté et la beauté de cette pièce en
font un exemplaire unique, d’une importance de premier ordre pour l’histoire de l’architecture du XIXème
siècle et celle de l’apparition de la céramique architecturale en France.
Palais du Gouverneur à Alger