Style Napoléon III / Ref.1199

Monumentale Fontaine de jardin en marbre de Carrare et marbre Statuaire attribuée à Rudolf Weyr, Vienne, fin du XIXè siècle

Cette fontaine d'angle présente une architecture et un décor en marbre de Carrare, et en Carrare Statuaire pour la figure centrale de la jeune enfant. Elle offre une symétrie parfaite.
Le bassin, en demi-lune, fait la jonction entre deux murs aux profils contournés, ceinturés par des pilastres en volutes. Chacun est orné d’une petite bouche de fontaine en forme de tête de poisson.
Soutenue par des feuillages aquatiques, une coquille s’épanouit vers le centre du bassin. Véritable vasque, elle est destinée à recevoir l’eau jaillissant de la bouche barbue du dieu-fleuve, qui somme le haut de la fontaine. Couronné de fleurs, cette tête de caractère répond aux codes des divinités aquatiques masculines : des traits épais et burinés sont encadrés par une chevelure et une moustache en cascade, évoquant des chutes d’eau figées en stalactites.
L’eau tombant de cette bouche béante dans la vasque s’écoule ensuite lentement en flots ondulés, grâce aux contours très découpés de la coquille. Cette eau formera un rideau naturel, véritable drapé d’apparat, pour la figure centrale du bassin, chef-d’œuvre de sculpture. Cette jeune enfant, assise, croise souplement des jambes palmées. Tenant dans sa main gauche une guirlande florale, elle esquisse de sa main droite un geste gracieux et délicat. Elle est également couronnée de feuillages et sa coiffure est ramenée en un petit chignon.

Cette fontaine est attribuée à Rudolf Weyr (1847-1914), un important sculpteur viennois de la fin du XIXe siècle.
On date cette fontaine entre 1890 et 1895. Cette période marque l’apogée du style néo-baroque viennois, commencé vers 1870.Très prolixe en sculpture, cette tendance revisite à la fois les styles baroque et Rocaille . Elle vit s’imposer des sculpteurs aux styles personnels et à la plastique affirmée. Ici on retrouve la synthèse propre à la Vienne de cette époque : mélange du Rococco et du baroque, mélange des motifs italianisants et germaniques.
En effet, si la figure du dieu-fleuve rappelle des réalisations du baroque romain, telles les œuvres de Giambologna, le thème de la sirène est plus propre aux cultures du Nord. Le Romantisme dans les pays du Nord avait été en effet propice aux résurgences de personnages et d’univers proprement nordiques. Le XIXe siècle est à la fois le moment d’invention de la Petite Sirène d’Andersen au Danemark et celui de la remise à l’honneur des mythes germaniques par les opéras de Richard Wagner, notamment avec les célèbres Nixen (nymphes-ondines) du Rhin.