Exposition Universelle de 1900
Télécharger en PDFOrganisée sur le thème du « bilan d’un siècle », l’Exposition Universelle de 1900 célèbre le progrès et les perspectives de l’avenir. Elle est restée iconique du Paris de la Belle Époque, d’autant que pour cet événement Paris se dote de certaines pièces maîtresses de son charme : le Grand Palais et le Petit Palais qui remplacent le Palais de l’Industrie de 1855, ainsi que le Métropolitain, inauguré le 14 juillet 1900, dont la décoration est confiée à Hector Guimard.
L’Exposition de 1900 est installée comme les précédentes sur le Champs de Mars, mais s’étend aussi le long de la Seine, et se poursuit au bois de Vincennes.
Les artistes redoublent de raffinements et d’innovations pour cet événement unique. En témoigne par exemple la sculpture de Barrias, La Nature se dévoilant en 1899, une œuvre en marbre et onyx polychromes d'Algérie, malachite et lapis-lazuli.
L’Art Nouveau triomphe, avec notamment le pavillon « L’Art Nouveau » de Siegfried Bing, décoré par De Feure. Il expose des décorations intérieures d’Eugène Gaillard, Edward Colonna et Georges De Feure. Ainsi, dans le mobilier, Louis Majorelle acquiert une réputation internationale, tandis qu’Émile Gallé est consacré par deux grands prix et une médaille d’or. La maison Pérol Frères expose également une gamme aux formes pures. Dans le stand de François Linke, maître du style Louis XV et néo-rococo, on voit aussi des pièces extraordinaires, où le nouveau style pousse à une nouvelle dimension les fantaisies du XVIIIe siècle.
Dans la joaillerie, le stand de René Lalique est remarqué pour sa grande vitrine. Au pavillon de l'histoire de la Céramique figure également une magnifique cheminée Art Nouveau de la manufacture de Sarreguemines, attribuée à Victor Bury.
D’autre part, l’Art Nouveau est adopté officiellement par les organisateurs. En effet, si plusieurs entrées sont prévues pour cette immense exposition, une porte monumentale style Art Nouveau de 45 mètres de haut est construite par René Binet. Christofle et la manufacture de Sèvres s’inspirent également de ce nouveau style, dans des compositions inédites, recevant un grand prix.
Dans la section des bronzes d’ameublement, on déplore la disparition de Ferdinand Barbedienne. Cependant, son successeur a ici l’occasion d’affirmer la qualité de sa relève pour la maison, désormais appelée Leblanc-Barbedienne. Le jury salue notamment une cheminée monumentale dessinée par Clovis-Viard.
Deux autres cheminées sont remarquées à cette exposition : celle de Lapointe, fabriquée par H. Pain, avec des sculptures de Mathurin Moreau, et celle de Bouhon frères, qui présente aussi sa collection de chenets et pare-étincelles.
L’Exposition Universelle de 1900 entend ainsi clore le XIXe siècle en beauté, et dans la joie, en offrant de très nombreuses attractions. La nuit, les monuments sont illuminés comme le château d’eau, le Palais Lumineux et la porte monumentale.
Des courses de montgolfières sont organisées dans les airs, la grande roue de Chicago, de l’Exposition Universelle de 1893, est réinstallée à Paris, et de nombreux pavillons sont dédiés au loisir : plusieurs théâtres, un Manoir à l’Envers où l’on se déplace au plafond, ou encore le Grand Kaléidoscope.
Les progrès scientifiques sont mis en valeur, notamment le cinéma des frères Lumière, avec des projections de films sur écran géant de 21 mètres sur 16, avec le son synchronisé par un phonogramme tournant à la main. Le Cinéorama, ancêtre de la réalité virtuelle, permet de simuler un voyage en avion.
Autre curiosité éloquente, une « robe de lune », tissée en fil de verre afin de démontrer les nouvelles prouesses techniques en cette fin de siècle, est réalisée spécialement pour l’Exposition par Larocque. Il n’en existe que quatre au monde.
Enfin, pour le déplacement des visiteurs, le train Decauville est en place, mais aussi un trottoir mobile, circulant sur un viaduc à sept mètres du sol.