Sphinx

Le sphinx est une créature avec, le plus souvent, un buste d'homme ou de femme et un corps animal, généralement de lion mais parfois aussi de taureau ou de cheval. Cette créature mythologique est parfois représentée avec des ailes, des cornes de taureau ou encore une queue de serpent. On la trouve en Égypte dès le IIIème millénaire avant notre ère, puis au Proche-Orient Ancien.

Le Sphinx égyptien :

Les premiers sphinx pouvaient avoir une tête humaine (androsphinx), mais certains avaient une tête de bélier (criosphinx) ou de faucon (hieracosphinx). Ils portent le plus souvent un némès sur la tête, la coiffe rayée emblématique des pharaons. Animal protecteur, le sphinx était souvent utilisé comme trône, ou représenté sur les accotoirs.
Dans l’Égypte antique, le Sphinx est avant tout un gardien, il marque les limites des domaines royaux et surtout les entrées des tombeaux, comme le fameux Sphinx des Pyramides de Gizeh, construit pendant la IVème dynastie.  Considéré comme l’emblème de la sagesse et de la force réunies, il est surnommé Hor-em-akhet (« Horus sur l'horizon »), l'horizon étant le plateau de Gizeh et Horus le dieu faucon égyptien. Ce Sphinx de Gizeh fait l'objet d'un culte, et un petit temple est érigé entre ses pattes. Les sphinx du Moyen Empire sont souvent par deux pour former une paire, et à partir du Nouvel Empire on trouve des avenues flanquées de longues rangées de sphinx menant jusqu'au temple.

L'art égyptien évolue lors du contact avec les royaumes du Proche-Orient au cours du Nouvel Empire, notamment avec le développement du sphinx femelle orientalisant, qui est le plus souvent allongé, avec une couronne de fleurs ou de végétaux, et les bras levés. On représente souvent la poitrine féminine. Au Proche Orient, le sphinx est souvent associé à la déesse de la fertilité et de l'amour, Ishtar.

Le Sphinx du Proche et Moyen-Orient ancien :

Le Sphinx apparaît en Mésopotamie lors du 2ème millénaire avant J.-C. sous la forme d'un lion ailé avec une tête humaine et des cornes de taureau. On retrouve des représentations de sphinx sur des sceaux, des peintures murales, et en statues monumentales devant les portes des palais, par exemple à Nimrud et Khorsabad. On le confond parfois avec le lamassu, une créature mythologique assyrienne protectrice avec une tête humaine, un corps de bœuf ou de lion, et des ailes. C'est peut-être la version assyrienne du sphinx.

Le Sphinx grec :

Le Sphinx grec le plus ancien que l'on connaisse date aussi du 2ème millénaire, vers 1750 av. J-C. Il s'agit d'une petite terre cuite qui était rattachée à un vase ou une coupe, représentant un sphinx mâle, ailé, allongé, probablement avec la tête d'un roi minoen et très inspiré du sphinx égyptien. 200 ans plus tard, le sphinx grec est devenu une femelle ailée, inspirée du Proche-Orient.
Chez les Grecs, le sphinx demeurera essentiellement une lionne au buste de femme, une sphinge. Ils lui ajouteront des attributs de déesse grecque comme la couronne à plumes, le collier à volute, et une rangée de volutes sur son aile. Le sphinx était représenté sur des objets de valeur, souvent en or et en ivoire, comme des couronnes et des trônes. A la fin de l'Âge de Bronze, le sphinx disparaît presque totalement du monde grec, pour réapparaître pendant le VIIIème siècle av. J.-C. A partir de cette époque, il est souvent représenté sur des vases et parfois confondu avec le centaure. Les sphinx sont mis en scène, par exemple en accompagnant un héros au combat ou autour d'Athéna, et portant des casques, des diadèmes, ou des couronnes de fleurs.

A partir du VIème siècle avant notre ère, le sphinx est parfois associé à la mort et à la destruction. C'est elle qu'Œdipe affronta pour libérer la ville de Thèbes, que ce monstre terrorisait. Les représentation de ce mythe semblent dater du Vième siècle av. J.-C. Un exemple fameux de son iconographie sont les représentations qu'en donna le peintre Gustave Moreau.

Le Sphinx dans l'iconographie occidentale :

Le sphinx, survivance de l’imagerie égyptienne, a toujours occupé une place importante dans l'iconographie du monde occidental. A partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, il devient un ornement incontournable des jardins à la française. On l'appelle alors couramment le « lion d’Égypte ». Son iconographie est alors assez fantaisiste et il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour trouver un souci archéologique dans ces représentations. La période de l'Empire, grâce aux campagnes égyptiennes de Napoléon, est très friande de symboles égyptiens. A partir de cette époque, l' Egyptomanie et le sphinx, son meilleur représentant, ont continué à fasciner et à influencer le monde des arts. Avec la période symboliste, ces iconographies mystérieuses connaissent une nouvelle apogée.

Bibliographie

Egyptomania, catalogue Louvre Museum exhibition 1994, Paris, 1994

J.-M. Humbert, Egyptomania in Western Art, Paris, 1989