Style Napoléon III / Ref.12449

Eugène Piat (attr. à), Lanterne murale en bronze doré

Cette imposante lanterne murale en bronze doré est très certainement issue du travail de l’ornemaniste Eugène Piat (1827 – 1903), le fabricant n'est, quant à lui, malheureusement pas connu.
Ornée d'un monstre hybride, communément appelé chimère, notre applique murale retient une lanterne ornée où se situe l'éclairage.

Cette lanterne murale est caractéristique de l'évolution des arts décoratifs et de l'ameublement dans la deuxième moitié du XIXe siècle en lien avec le développement d'une nouvelle classe sociale riche, les bourgeois. Ces derniers par nécessité de montrer leur appartenance à un certain rang social choisissait des décors suggérant l'opulence. Ainsi, on constate sur notre lanterne, une importance donnée à l'ornementation qui ne se contente pas du corps de la chimère mais qui y ajoute de nombreux détails. Le corps sinueux du monstre qui semble retenu par un bras de l'applique orné d'un motif de stries répétitif sur lequel un des deux pieds de la chimère est posé, se confond véritablement avec l'ensemble des éléments ornementaux. En effet, la partie pouvant être considérée comme le cou au bout duquel se trouve la tête figurant un homme à la bouche grande ouverte est en réalité un ornement de volutes dont les formes végétales forment une crête tout le long. De même, les ailes sont habitées de rinceaux de bronze végétalisés et complétés de volutes permettant un meilleur support du reste de la lanterne et de faire un contrepoids à l'imposant panier dans lequel a été placé l'éclairage. Ce dernier est suspendu à la tête de la chimère par une succession d'ornements dont un tout en volume composé de volutes. Une des deux pattes tend vers ce panier tandis que l'autre repose sur un support orné d'un mascaron à tête de lion et de volutes. .

On constate dans un cette œuvre, un mélange des inspirations, caractéristique de la production de l'ornemaniste Eugène Piat, reconnu pour ses créations répondant au goût de la seconde moitié du XIXe siècle pour l'historicisme et l'éclectisme stylistique. Affectionnant particulière les figures hybrides et fantastiques, on les retrouve régulièrement dans sa production associées à un type d'objet, en l’occurrence ici l'applique murale sinueuse. Notre lanterne murale répond à plusieurs inspirations et notamment celles du Gothique ou de la Renaissance où le bestiaire fantastique est particulièrement présent mais aussi par le choix des ornements tels que l'utilisation du mufle de lion, la forme cul-de-lampe sous la lanterne ou encore des frises vermiculées. Enfin par le choix des formes sinueuses ou de la forme du corps de la chimère se rapprochant de celui d'un dragon, on peut, de même, voir une influence du style chinois issu de la mode des chinoiseries du XVIIIe siècle, particulièrement présent pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle dans les arts européens.

Eugène Piat durant toute sa carrière a collaboré avec de nombreux fabricants ou sculpteurs pour qui il réalisait des modèles en fonction de leur spécialité, comme Louis Léon Marchand (1831 – 1899) ou Victor Paillard (1805 – 1886). Ces nombreuses collaborations et participations aux Expositions Universelles lui ont permis d'obtenir d'importantes récompenses et ont contribué à sa reconnaissance. À la fin de sa carrière, il fait don de ses plus importantes réalisations au musée Saint-Loup de Troyes et participe ainsi à la création d'un des tous premiers musées consacrés aux arts décoratifs.