Style Autre / Ref.10959
J. VIEILLARD & CIE - Service à thé aux bambous
Dimensions
Époque et provenance:
France, XIXe siècle
Partie de service à thé et café en faïence fine de Bordeaux Jules Vieillard comprenant douze tasses et leurs sous tasses, une cafetière, une théïère, un pot à lait et un sucrier.
Dans le goût japonisant, les attaches et les anses en forme de bambou, à décor polychrome imprimé émaillé de personnages, oiseaux, poissons, végétation et montagnes sur un fond pâle.
La théière est à décor de toutes face d’un homme chevauchant une carpe sortant de l’eau dans un paysage lacustre.
La cafetière est à décor sur une face d’un homme dans une nacelle encordé à la prise du couvercle descendant le long d’une paroie rocheuse et de l’autre d’un musicien de dos l’acompagnant entouré d’hirondelles.
Le pot à lait à une anse et un bec verseur est à décor d’un homme assis jouant du Shamisen d’un côté et de l’autre d’un lettré assis.
Le sucrier couvert à deux anses bambous est à décor d’un pécheur sur un face et d’un homme assis fumant, le tous dans un paysage de cerisiers et bambous.
Les tasses sont décorées de fleurs et feuillages accompagnées parfois de criquets, canard de col vert ou autre volatiles.
Les sous tasses sont décorées de personnages vétus de kimonos pratiquant toutes sortent d’activités pittoresques dans des paysages exotiques d’arbres en fleurs, de bambous et de roseaux.
Cartouches japonais en impression sous couverte, marques peintes et marques en creux, au dos de chaque pièce.
Jules Vieillard à Bordeaux
C’est en 1840 que Jules Vieillard (8 juin 1813 – 17 septembre 1868), natif de Paris, déjà réputé dans le domaine de la porcelaine, s’associe avec David Johnston qui dirige dans le quartier de Bacalan une grande manufacture de faïence, occupant plus de 700 ouvriers et produisant 70.000 pièces par semaine. Bordelais d’origine anglaise, David Johnston qui va devenir maire de Bordeaux, quelque peu dépassé par la gestion de l’entreprise, sera contraint de la céder en février 1845 à son associé Jules Vieillard.
Appréciée par Brongniart, directeur de la Manufacture royale de Sèvres, la faïencerie fine bordelaise remporte des médailles aux diverses expositions universelles de Paris et s’attache les services de peintres et lithographes bordelais. Vieillard fait des essais de cuisson et dépose en 1851 un brevet d’invention. En 1852, Napoléon III, de passage à Bordeaux, visite la Manufacture qui emploie 800 ouvriers, remet la Légion d’honneur à Jules Vieillard, lequel propose ses réflexions sur le Traité de commerce devant intervenir entre l’Angleterre et la France. En 1854, Jules Vieillard reçoit la médaille d’or à l’Exposition Philomathique et en 1855 la médaille de première classe à l’Exposition Universelle de Paris.
Esprit très pratique, Vieillard va se détacher progressivement de l’inspiration anglaise et créer des modèles nouveaux très colorés avec des motifs floraux ou orientaux. Il va inventer aussi bien en faïence qu’en porcelaine, de multiples modèles particulièrement charmants en services de table, lampes, coupes, pendules, chandeliers, bénitiers, vases, flacons, salières, torchères et autres crucifix. Merveilleuse collection d’une extrême finesse et d’une grande originalité.
En 1859, le compte rendu de la Xème Exposition Philomathique de Bordeaux mentionne que « Jules Vieillard est à la tête d’un des plus beaux établissements que la France puisse opposer aux manufactures anglaises ». En 1866, l’usine qui comporte une nouvelle activité, la verrerie, emploie plus de 1000 personnes, et se trouve être parmi les plus importantes de France.
Jules Vieillard décède le 17 Septembre 1868, ses deux fils Albert et Charles vont tout d’abord assumer dignement la succession. La Manufacture va dépasser les 1400 ouvriers, et augmenter sa notoriété avec la décoration extérieure des monuments et fontaines par la céramique architecturale. En 1882, la Chambre de Commerce de Bordeaux, afin d’encourager l’industrie bordelaise commande à la faïencerie un service de 120 couverts aux armoiries de Bordeaux, magnifique service toujours utilisé de nos jours. Une Commission, comprenant MM. Daniel Guestier, Brunet et Paul Duvergier, celui-ci plus tard remplacé par M. Balaresque fut désignée pour établir la composition du service. Le service coûta 10.000 Francs et fut réglé en deux annuités.
Suite à un procès opposant les frères Vieillard à l’artiste italien Amédée de Caranza qui travaillait pour eux, le départ de ce dernier va coïncider avec la signature d’un traité de commerce très néfaste. La situation économique et sociale va se dégrader, des grèves ont lieu et une centaine d’ouvriers sont congédiés. Après les décès respectifs des frères Vieillard en 1893 et 1895, la manufacture rentre dans un consortium pour très vite disparaître faute d’avoir à sa tête un véritable dirigeant. Le 20 août 1895 il n’existe plus de faïencerie à Bordeaux. David Johnston puis Jules Vieillard et fils, sont parmi les grands noms de la faïencerie bordelaise dont les collectionneurs recherchent toujours les pièces rares.
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