Ref.15583
Émile HÉBERT, École de filles, 1871

Ce bas-relief en bronze fut exécuté en 1871 sur un modèle conçu par le sculpteur Émile Hébert. Émile Hébert (1828-1893) apprit la sculpture d’abord auprès de son père, Pierre Hébert (1804-1869), puis avec Jean-Jacques Feuchère (1807-1852). Il participa assidument aux Salons entre 1849 et 1893 et ses œuvres furent exposées aux Expositions Universelles, notamment celles de 1855 à Paris et de 1873 à Vienne. Le sculpteur donne à voir une scène étonnante, constituant une véritable allégorie morale humoristique. Le bas-relief représente la porte d’une école de filles, forcée (le pêne est encore sorti de la serrure) par une figure décharnée évoquant la mort ; celle-ci tient un arc et des flèches, qu’elle vient probablement de prendre à l’Amour, angelot éploré, délaissé et abandonné à la porte, tandis que la mort s’apprête à pénétrer dans le bâtiment. L’école est rapprochée d’une prison, puisque les jeunes filles sont gardées derrière des barreaux. La morale de la scène est donnée par une inscription : « AINSI SERONT TRAITES TOUTS [sic] RODEURS TEME/RAIRES ». Il semblerait donc que l’Amour symbolise les jeunes gens qui auraient pu vouloir rôder autour des jeunes filles pour les séduire, ainsi prévenus du sort qui les attend. L’œuvre est signée et datée sur le bord inférieur. Le Detroit Institute of Art possède une version en terre cuite de cette œuvre. À la fois dans l’esprit et dans l’esthétique, celle-ci est caractéristique de l’œuvre d’Émile Hébert. La présence de jeunes filles confrontée à la mort rappelle en effet sa statue Et toujours ! Et jamais !, memento mori ou retrouvailles de deux amants dans la mort où l’effroi se mêle à la volupté, une œuvre tout aussi mystérieuse et riche d’interprétations conservée au musée des Beaux-Arts de Montréal.