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Style Napoléon III / Ref.15362

Léonard-Antoine PIÉRON, Pare-étincelles mécanique orné de félins, seconde moitié du XIXe siècle

Dimensions
Largeur 138cm
Hauteur 57cm
Profondeur : 17cm

Époque et provenance:
France

Statut:
Bon état

Ce pare-étincelles Napoléon III richement sculpté fut exécuté dans la seconde moitié du xixe siècle par la maison Piéron.

Notre pare-étincelle est un bel exemple de l’invention et du goût de Léonard Piéron. Il repose sur une base architecturée, au-dessus de laquelle se déploie un paysage sauvage, peuplé de félins. Au centre, un lion émerge d’une grotte ; cette dernière est entourée de roseaux cachant partiellement un sol rocheux. De part et d’autre, deux lionnes sont aux prises avec autant de serpents sur des rochers surélevés ; la première semble avoir vaincu son adversaire et lui écrase le cou de la patte droite, tandis que la seconde est en pleine action, le reptile tentant de l’atteindre à la gorge. À l’arrière, deux palmiers équilibrent le décor ; leurs grandes feuilles cachent les crochets destinés à recevoir un tisonnier ou une pelle. La partie centrale du pare-étincelles est amovible : elle peut être relevée ou abaissée à l’aide de manettes en forme de roseaux se dissimulant à la perfection dans l’ornementation, en fonction des besoins du moment. Relevée, elle prend la forme d’un éventail ajouré léger et travaillé.

Le mécanisme dont ce pare-étincelle est doté fait sa particularité. Ce système particulièrement ingénieux fut abondamment décrit et loué par M. Bonin : « dans ces derniers temps, les magasins ont étalé les garde-feux à l’imitation des queues de paon, qui attirent beaucoup les regards et qui frappent autant par leur beauté que par leur originalité. Cette superbe création est due à M. Piéron. Voici en quoi elle consiste. A la base du garde feu et dans une véritable boîte, l’inventeur a logé, les unes contre les autres, le nombre de feuilles de cuivre découpées nécessaires pour remplir un demi-cercle et former la queue d’un paon. Ce véritable éventail ne s’ouvre pas et ne se ferme pas tout d’un coup, ce qui permet de se garantir à volonté et par degrés, d’un feu trop actif et trop pétillant. Il importe toutefois de remarquer que lorsque la queue du paon est tout à fait ouverte, on jouit encore de la chaleur du foyer sans avoir à redouter ses inconvénients, les feuilles de cuivre qui le composent étant découpées à jour et laissant passer une certaine quantité de rayons calorifiques. Quand on veut fermer l’éventail, on appuie, avec le pied, sur une pédale à droite ; dès lors, l’écran rentre par degrés dans sa boîte et aussitôt un couvercle le recouvre. Veut-on l’en faire sortir, on appuie sur une seconde pédale à gauche, et les plumes du paon reparaissent une à une et reforment l’écran primitif. Ce jeu de mécanisme qui étonne et plaît comme un coup de théâtre, est tout à fait ingénieux. Il est essentiellement composé de deux varlets, qui avancent et reculent par l’effet des pédales sur une crémaillère à double denture. Comme tout ce mécanisme est mis en mouvement par le pied, il a l’avantage de permettre l’ouverture et la fermeture de l’écran sans exposer la figure de l’opérateur à l’ardeur du foyer. D’autre part, M. Piéron, homme de goût, autant qu’habile inventeur, remplace quel[que]fois la queue du paon par un soleil levant, par des bouquets de fleurs, etc., et il est aussi parvenu à composer pour ses divers écrans des garde-feux d’un bel effet, d’une grande richesse. Sous ce rapport il a étendu le domaine de l’art. ainsi, à tous les points, la création de M. Piéron mérite d’être placée parmi les plus heureuses et les plus ingénieuses de l’ornementation pendant ces derniers temps ». Le journal L’Utile et l’agréable, après avoir rappelé les risques provoqués par l’absence de pare-feu, présente lui aussi cet objet, « qui sert tout à la fois d’écran demi-transparent, de cendrier très-élégant et de garde-feu ».

Piéron était un inventeur fécond, qui déposa de nombreux brevets tout au long de sa carrière, afin d’éviter de voir ses inventions copiées ou victimes de contrefaçon. Celui qui nous intéresse plus particulièrement, pour un « garde-cendre-écran mécanique », fut déposé le 14 avril 1849 pour 15 ans ; le décret parut en date du 13 juin 1850. Dès le mois de juillet suivant, l’inventeur déposa deux certificats d’addition au brevet. Les « écrans mécaniques » étaient encore brevetés en 1873, ce qui indique que le brevet fut renouvelé une fois les quinze années écoulées. Le dépôt de ce brevet est pour nous gage d’authenticité.

La maison Piéron fut fondée en 1830. Elle était dirigée par l’ingénieur et fabriquant de bronzes Léonard-Antoine Piéron (ou Pieron), et fut principalement active entre cette date et la fin du xixe siècle. Elle participa à l’Exposition de l’industrie française en 1844 et en 1849 (où elle reçut une médaille de bronze), puis aux Expositions Universelles de 1851 à Londres (où elle exposa des garde-feu et un écran breveté) et de 1855 à Paris ; lors de cette dernière, Piéron présenta notamment l’un de ses garde-feux mécaniques : « M. L. Piéron présente des modèles de garde-feu de son invention. Ces garde-feu forment l’éventail qui s’ouvre et se referme à volonté par une faible pression du pied ; ils réunissent à la plus grande commodité l’élégance de la forme ». Il y reçut une médaille de première et une médaille de deuxième classe.

La maison est mentionnée dans la plupart des almanachs du commerce et de l’industrie parisiens entre 1841 et le début du xxe siècle : d’abord sous le nom de L. Piéron (entre 1841 et 1870), puis sous l’appellation de « Piéron frères » (entre 1870 et 1876) puis « Piéron aîné » (sans doute toujours Léonard), jusqu’à ce que la maison soit reprise par Émile Langlois, un ingénieur Arts et Métiers, en 1894. Ce dernier garda longuement la mention « ancienne maison Piéron » à côté de son nom, afin de s’inscrire pleinement dans la continuité de la production qualitative de son prédécesseur.

Au fil de ces années, la maison fit principalement des bronzes et de la tréfilerie. Certaines éditions parlent davantage de ses activités : en 1848, « Pieron (L.) tient magasin de moulures pour encadrements de glaces sur de très-beaux modèles ; étalage en cuivre, montant et descendant, uni et ciselé pour magasins de nouveautés, porte-bonnets, porte-pèlerines, porte-mètres sur différents modèles ; cymaises [sic] en cuivre, et généralement tout ce qui concerne les intérieurs de boutiques et magasins ; porte-chapeaux en fonte de fer et en cuivre en tous genres. » Les « garde-feu à écran mécanique » de la maison sont mentionnés dans l’Almanach de messieurs les fabricants de bronze réunis de la ville de Paris en 1852. Dans l’Annuaire-almanach de 1873, c’est même le seul article mentionné : « garde-feu, écrans mécaniques, article breveté, seuls fabricants [Pieron Frères] » . Entre 1874 et 1875, elle déménagea du 13, rue des Enfants-Rouges, où elle était installée depuis 1841 au moins, au 37, rue des Archives. À partir de 1882, la maison sembla se spécialiser dans la fabrication d’étalages en tous genres : c’est sous cette dénomination qu’elle est mentionnée jusqu’à sa reprise par Langlois en 1894. L’entreprise déménagea une dernière fois en 1891 au 81, rue des Archives.

Prix: sur demande

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