Style Autre / Ref.13465

Pièce de boiserie Art & Craft provenant de l’hôtel particulier de l’architecte Henry GUEDY, 1912-1913

Cette pièce de boiseries provient d’un ancien hôtel particulier parisien situé dans le 5e arrondissement. Il fut réalisé par l’architecte Henry Guédy (1873-v.1930) pour lui-même en 1912.
Les appartements furent aménagés sur deux étages, le rez-de-chaussée et le premier étage, dans un goût très classique à l’instar de la façade de l’immeuble. Seule la pièce dans laquelle se trouvait notre boiserie faisait écho au goût plus moderne de l’Art & Craft. Cette pièce se trouvait au premier étage et avait pour fonction celle de salle à manger.

Formant une pièce de forme rectangulaire, notre boiserie en couvre les quatre murs et se compose d’un décor panneauté d'acajou.
L’accès est permis par deux portes vitrées dans leur partie haute de verre jaune, positionnées l’une à côté de l’autre sur l’un des pans de mur.
Une ouverture plus large sur un autre pan de mur permettait l’accès au grand salon et se ferme par une porte à double battant (non comprise). Ce pan de mur également panneauté reçoit une peinture (en cours de restauration) représentant des nymphes vêtues à l’antique dans un décor végétal. Entre les deux portes, une huile sur toile dans un médaillon ovale figurant une bergère et son mouton vient également habiller la composition en acajou. Enfin, à l’extrémité de ce pan de mur, une petite table abattant présente le buste d’un vieillard en haut-relief.
Le troisième mur donnait sur la façade et accueillait deux grandes fenêtres cintrées entre lesquelles est placée une autre petite tablette au plateau en marbre Campan vert fissuré, placée au dessous d’un miroir.
Enfin, le quatrième mur reçoit le plus de décor. Il présente une importante cheminée en saillie ornée de grès réalisés par Gentil et Bourdet et surmontée d’un miroir et d’une toile du peintre Jules Verdier (1862-1926). La boiserie en acajou reçoit également des ornements en bois provenant de coffres du XVIIe siècle, des éléments en fer forgé ornés de motifs végétalisant ainsi qu’une horloge de parquet.

On retrouve dans un des catalogues de vente de la société de céramistes Gentil & Bourdet, un modèle de cheminée similaire à celle présentée dans notre pièce de boiseries. On retrouve en effet le même décor d’entrelacs sur les deux bandeaux.
Alphonse Gentil (1872-1933) et François Eugène Bourdet (1874-1952) sont les deux architectes qui se cachent derrière l’appellation de Gentil & Bourdet, « Agence spéciale d’architecture pour l’exécution de tous modèles », fondée en 1904. Pourtant, c’est principalement leurs talents de céramistes et de mosaïstes que Gentil et Bourdet ont développés au fil de leur production et sont grandement reconnus pour leurs éléments de terre cuite ornementale et leurs céramiques décoratives à vocation architecturale.
Ces anciens élèves de l’architecte Victor Laloux ont notamment collaboré à la grande porte de René Binet pour l’Exposition universelle de 1900, avant de s’associer. Ils s’érigent au cours des années comme des artistes incontournables de la décoration architecturale, en particulier lors de la décennie 1920-1930, durant laquelle leurs créations fleurissent sur tous types d’édifices urbains. Gentil & Bourdet se distinguent également lors d’événements de grande ampleur, à l’instar de l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes de 1925. L’entreprise reçut sept Grand Prix, et devint membre de jury aux Expositions Internationales.
Parmi leurs réalisations les plus notables, on peut évoquer les mosaïques à la fois Art Déco et néo-égyptiennes du cinéma Louxor à Paris (1921), à côté des céramiques architecturales d’un style résolument plus modernes en façade du Studio Building de Henri Sauvage dans le XVIe arrondissement de Paris (1929-1932). Mais de nombreuses constructions, parisiennes ou non, arborent dans leurs façades un ou plusieurs éléments en grès flammé ou en céramique architecturale.

Quant au tableau qui orne le sommet, il fut réalisé par le peintre Jules Victor Verdier en 1813 comme l’indique la signature sur l’architecture en pierre. Élève de Jules Lefebvre (1836-1911) et Léon Glaize (1842-1931), Jules Verdier était un peintre prolifique de la fin du XIXe siècle. Membre de la Société des Artistes Français, il expose au Salon à partir de 1885, et remporte une mention honorable en 1889, une médaille de 3e classe en 1899, et une médaille de 2nde classe en 1900 avant d’être placé hors concours. Son style pictural est caractéristique des tendances de la fin du siècle, on retrouve en effet fréquemment dans ses peintures, des jeunes femmes nues allongées dans un décor de nature luxuriante reprenant des compositions classiques.