Style Néo-Gothique / Ref.12332

Dans la manière de VIOLLET-LE-DUC, Exceptionnelle salle à manger néogothique, XIXe siècle

Cette salle à manger néo-gothique composée d’un buffet d’apparat, d’un buffet, de deux dressoirs, d’une table et de huit chaises, fut exécutée au xix^e siècle, dans l’esprit des créations du grand spécialiste du Moyen Âge Eugène Viollet-le-Duc.

Le buffet d’apparat présente une ornementation sculptée aussi riche que délicate, reprenant les codes de l’architecture du xv^e siècle, à l’époque du gothique flamboyant. Ses nombreuses étagères ouvertes en font un meuble de prestige, plus qu’utilitaire. En partie basse, les deux placards latéraux sont ornés de bas-reliefs imitant une verrière composée de lancettes et de soufflets et de mouchettes, ou encore de motifs quadrilobés à droite. Au centre, une étagère ouverte est bordée par une rambarde ornée de mouchettes affrontées. Chaque partie est flanquée de colonnes présentant un motif sculpté tour à tour torsadé, en escaliers, en chevrons et feuillagé, imitant les décors polychromes des églises néogothiques. À l’ornementation sculptée s’ajoutent des éléments métalliques en frise, ainsi que des serrures adoptant la forme de blasons. La ceinture présente trois tiroirs à la poignée trilobée. La partie supérieure du buffet présente plusieurs niveaux. À droite et à gauche, un premier étage d’étagères ouvertes encadrées de colonnes torsadées et perlées, ou chevronnées. Le fond des étagères est tapissé de motifs en plis de serviette, tandis que le sommet est orné d’une suite de trilobes. Le deuxième niveau présente une ornementation très similaire, avec quelques nuances constituant d’agréables variations pour l’œil. Au centre, un placard doté d’une porte dont l’ornementation reprend celle de la base du buffet. Une petite fleur de lys ajoute à la dimension hautement historiciste du meuble. De part et d’autre se trouvent deux statuettes féminines surmontées de dais : la première, coiffée d’un hennin et portant des chaussures à bout pointus, à la mode du xv^e siècle, joue du luth, tandis que la seconde s’apprête à taper dans un tambourin. Le meuble est couronné par trois arcs en accolades scandés de choux frisés, séparés par des pinacles.

Le second buffet, à pans et à degrés, semble plus utilitaire que le premier. La partie basse, ouverte, est surmontée d’un dais orné de motifs architecturaux. La partie centrale prend la forme d’un large coffre très richement sculpté, doté de deux vantaux fermés par des verrous. Chaque vantail est orné d’un couple formé par un chevalier et une dame évoquant l’amour courtois. Les dames portent des escoffions et les chevaliers sont vêtus de deux armures différentes. Les personnages s’inscrivent dans une architecture fictive formant un arc en accolade surmonté de choux frisés, se prolongeant en plusieurs lancettes et complétée par deux motifs de verrières gothiques. L’élévation est de nouveau scandée de colonnes. Le côté du coffre est biseauté et accueille également un motif de grande verrière ; il se prolonge dans le petit côté du buffet, orné d’un motif en pli de serviette. Au-dessus du coffre, une suite de tiroirs en retrait, elle-même surmontée d’un dais dont le fond est parsemé de verrières toutes différentes, et l’avancée ornée d’une balustrade et de cinq pinacles.

Le dressoir est un meuble apparu au Moyen Âge et destiné à exposer la vaisselle dans les salles de réception. Nos dressoirs sont particulièrement intéressants, puisqu’ils s’inspirent directement de celui qui fut dessiné par Viollet-le-Duc, dans son Dictionnaire raisonné du mobilier français de l’époque carlovingienne à la Renaissance, où l’auteur insiste sur la dimension d’apparat du dressoir, qui comportait autant de degrés que la noblesse de son propriétaire le permettait. À l’avant, les dressoirs forment une crédence reposant sur quatre pieds adoptant la forme de piliers architecturaux. À l’avant, ces derniers sont reliés par un arc en accolade, agrémenté de mouchettes et de trilobés ajourés, et de deux colonnettes sculptées. Les niveaux suivants sont ornés de cartouches rectangulaires accueillant des motifs floraux, des lancettes, des verrières. Le dernier niveau forme une corniche s’achevant sur des ouvertures trilobées et des pendentifs feuillagés.

La table s’inscrit également dans le style néogothique. Ses pieds sont doublés de nombreuses colonnes baguées, sculptées de motifs tous différents et surmontées de chapiteaux en choux frisés. Le plateau est quant à lui bordé d’un bandeau sculpté de mouchettes affrontées rappelant celles de la balustrade du buffet.

Les huit chaises, enfin, reprennent des motifs de l’architecture gothique, mais aussi de la sculpture de cette époque. Les pieds antérieurs présentent une légère sculpture en bas-relief. Leur dossier est orné d’une longue lancette, surmontée par une sculpture représentant un animal fantastique toujours différent, rappelant les gargouilles du Moyen Âge. Le dossier s’achève sur un arc en accolade couronné d’un chou frisé faisant le lien avec un arc en plein cintre ; entre les arcs, les écoinçons sont ornés de mouchettes stylisées. L’assise est couverte d’un coussin tapissé d’un tissu reprenant l’abondance ornementale et des motifs animaux et végétaux qui étaient l’apanage des tapisseries millefleurs au Moyen Âge. Les animaux fantastiques se contorsionnant sur les montants des dossiers s’inspirent également de l’art de Viollet-le-Duc. L’un d’eux, notamment, semble s’inspirer d’un éléphant dessiné par l’architecte pour le château de Pierrefonds, conservé dans ses archives.

Cette magnifique salle à manger s’inspire ainsi de l’art de l’architecte Viollet-le-Duc, référence majeur dans le domaine de l’art néo-gothique, au xix^e siècle. L’ensemble est d’une richesse et d’une homogénéité exceptionnelles, formant un ensemble de meubles des plus aboutis dans ce style.