Style Louis-Philippe / Ref.15591

THOMIRE & Cie, Surtout de table sur le thème de la chasse, avant 1853

Ce surtout de table sur la thématique de la chasse fut exécuté par la société Thomire & C^ie vers 1850.

Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) est le membre le plus célèbre d’une grande famille d’artistes. Fils de fondeur, il se excella dans la production des bronzes et reçut des commandes prestigieuses. En 1804, sa société Thomire, Duterme & C^ie acquit la succession du commerce d’ébénisterie, bronzes, dorures et curiosités de Martin-Éloi Lignereux et y associa sa propre fabrique de bronzes et dorures. En 1820, Pierre-Philippe Thomire fonda une nouvelle société avec ses gendres, Carbonelle et Beauvisage, qui reprirent la société en 1823 ; cette dernière poursuivit ainsi sa production jusqu’en 1853, dix ans après la mort de son fondateur.

Le surtout se compose d’une grande coupe centrale, de deux candélabres et de quatre compotiers, dont chaque élément présente un décor inspiré de motifs de la Renaissance, relatif au thème de la chasse.

La pièce centrale repose en effet sur quatre cerfs couchés sous le poids de leur charge, redressant la patte antérieure gauche comme pour se relever. La finesse exceptionnelle de la ciselure rend aussi bien le pelage soyeux des animaux que l’aspect rugueux de leurs bois. Leur position se rapproche de celle de la bête magnifique accompagnant Diane, dans la statue provenant du château d’Anet et aujourd’hui conservée au musée du Louvre. La base circulaire de la pièce reposant sur le dos des cerfs est bordée d’une frise d’oves et de dards ; au-dessus, elle présente un espace orné de mascarons féminins s’inscrivant dans des cartouches reliés entre eux, et de natures mortes. Le niveau supérieur est décoré de quatre têtes animales adossées deux à deux : deux têtes de chien de chasse adossées, et deux têtes de loup ouvrant la gueule d’un air menaçant. Une frise de godrons introduit un motif de vase, lui-même surmonté de rainures torses occupées par une rose entourée de motifs feuillagés. Sous la coupe se déploient des rinceaux et des palmettes rappelant les grotesques de la Renaissance, agrémentés de quelques natures mortes de fruits ; un second niveau, près du bord de la coupe, multiple les entrelacs feuillagés.

Les deux candélabres reposent chacun sur un polygone surmonté d’une frise de miroirs, puis d’une frise de rais-de-cœur. Les quatre têtes animales présentent une variation par rapport à la disposition de celles de la pièce centrale : deux têtes de cervidés sont encadrées d’un côté d’une tête de chien, et de l’autre d’une tête de loup montrant leurs crocs. Le niveau supérieur, introduit par une frise de godrons, est une colonne creusée de cannelures s’enroulant autour du fût. Celle-ci aboutit à un plateau où sont fixés trois bras de lumière en forme d’accolade, l’une des deux branches s’achevant sur une volute, l’autre, sur une tête de griffon soutenant un bassin feuillagé. Au centre, un support ornementé soutient un quatrième bassin.

Pour les quatre compotiers, les têtes de chiens alternent avec les têtes de loups, comme sur le centre de table, conférant son unité à l’ensemble. Chacun soutient une corolle de verre évasée.

Deux indices concordent quant à l’attribution de ces pièces à la société Thomire. D’une part, l’un des supports en bois placés sous la base des compotiers porte une inscription à la plume reliant notre surtout à un certain « Mr Tomirun(e) », évocation déformée du nom du bronzier et fondeur ; d’autre part, le motif des quatre têtes animales de cerf, de chien et de loups menaçants peut être retrouvée à l’identique sur les candélabres d’une garniture de cheminée en marbre de Carrare et bronze doré signée « Thomire & C^ie », passée en vente chez CR Art Auctions en 2024.