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Style Japonisme / Ref.11434

Frédéric-Eugène PIAT (modèle de) pour Maison Perrot (bronzier) - Elégant encrier japonisant à décor de papillon

Dimensions
Largeur : 46cm
Hauteur: 19cm
Profondeur : 17cm

Époque et provenance:
Paris, vers 1880.

Statut:
Bon état

Cet encrier formant bougeoir est une œuvre empreinte de Japonisme dont le modèle a été créé par Frédéric-Eugène Piat, sculpteur et ornemaniste, pour la maison Perrot de Paris, fabricant de bronzes d’art. Frédéric-Eugène Piat est célèbre pour l'extrême qualité de ses créations, notamment pour ses modèles d’œuvres en bronze qui furent exécutés par les plus grands bronziers parisiens de son époque tels Marchand, Barbedienne, Denière, Boy ou, comme c’est le cas ici, la Maison Perrot.

Le décor japonisant présent sur cet encrier est caractéristique de l’époque, issu de la découverte des arts extrême-orientaux lors de l’ Exposition Universelle de 1867 qui eu lieu à Paris. L'ouverture du Japon sur le monde occidental met alors à la mode un répertoire décoratif très apprécié, d'inspiration naturaliste, où des éléments végétaux stylisés se mêlent à tout un monde de papillons et d'oiseaux.
Sur cette pièce, un gracile papillon, auquel la ciselure très fine des ailes et du corps donne un caractère extrêmement réaliste, vient ainsi se poser sur un banchage à la ligne sinueuse, assurant une liaison élégante entre le réservoir d'encre et celui de sable, dont on se servait avant l'invention du buvard pour absorber l'encre du papier. Ceux-ci sont traités comme des fruits stylisés, dont les fleurs éclosent sur le bouton de préhension du couvercle. Ces motifs de branchages sont repris sur la base, apportant un grand raffinement à la composition. Le corps de l'encrier est quant à lui réalisé en métal verni de couleur brune s'approchant des laques japonaises. Cette œuvre appartient à la série des objets de petites dimensions que composa Eugène Piat pour la maison Perrot et fils, spécialisée dans la réalisation de « petits bronzes ». Le double usage de cet objet, encrier et bougeoir, marque une réelle innovation.

Le Musée Eugène Piat de Troyes conserve deux encriers du même modèle, l’un beaucoup plus travaillé que l’autre, qui furent donné par Frédéric-Eugène Piat lui-même en 1894 à la fondation du musée. Le Catalogue du Musée de Troyes, en 1897, parle ainsi de l’un de ces encriers :
« Le corps de cet encrier est en bronze vert. Il a l’apparence d’un coffret oblong, ayant les angles arrondis, et enlacé d’une tige feuillée et fleurie vieil or. Deux fleurs épanouies (situées sur le coffret) renferment dans leurs calices les encriers ; deux autres fleurs placées au dehors, sur les deux bouts du coffret, font l’office de bougeoirs, tandis qu’une section de la tige sert de poignée au tiroir qui se trouve sous les encriers. » (Catalogue, Art Décoratif, Musée de Troyes, 1897, n° 34, p. 41).

Né en 1827, Frédéric-Eugène Piat, a 6 ans lorsque son père, menuisier, vient s’installer avec sa famille à Paris. Après un début d’apprentissage chez un peintre en équipages, le jeune Piat aide son père à la fabrique de meubles. Il montre très vite un goût et une habileté pour le dessin, ce qui le mena à entrer, en 1841, en apprentissage chez un ornemaniste du nom de Martin, qui travaillait surtout pour les fabricants de bronzes. Frédéric-Eugène Piat allait ainsi devenir un des artisans le plus actifs de l’évolution d’oû devait sortir un nouvel épanouissement des arts décoratifs français. L’inventivité et une extraordinaire faculté de création sont alors ses principales qualités. En 1843, Piat entre dans l’atelier d’un statuaire, Gossin, qui tenait une grande manufacture de terre cuite. Dans cet atelier, Piat va parfaire la maîtrise de son geste, notamment en modelage, et, à la fin de l’année 1845, il se met à exécuter seul des modèles industriels.

« Servi par sa réputation d’atelier, sa facilité de composition, sa puissance déjà remarquable de travail, le jeune Piat obtint assez vite des commandes. Dès 1849, il composait pour les fabricants de bronze Denière, Graux-Marly, Boy, etc., des garnitures de cheminées, des pendules, des chenets, qui obtinrent du succès. A trente ans, Eugène Piat avait déjà se réputation assise. Les fabricants se disputaient ses modèles. (…) La qualité dominante qui faisait surtout rechercher la collaboration de Piat, c’est que l’artiste savait rendre ses modèles exécutables. Il concevait des arrangements décoratifs parfaitement réalisables par la matière en laquelle ils devaient être traduits. Ses torchères de bronze avaient bien les allures du bronze. Ses landiers en fer forgé avaient l’aspect qui convient à ce métal. En un mot, l’imagination de l’artiste se pliait aux conditions multiples de la production industrielle et allait au-devant des problèmes les plus difficiles de l’exécution pour les résoudre avec une remarquable ingéniosité. Une pareille maîtrise rendit, on le comprend, d’autant plus précieuse la part que Piat prit au développement de l’industrie du bronze. Il devint l’artiste attitré des fabricants, celui dont le concours fut le plus hautement apprécié, surtout lorsque approchaient les époques d’ expositions universelles . (…) Parmi les fabricants de bronze les plus en vue alors, était M. Marchand qui, pour figurer avec éclat à l’ Exposition universelle de 1862 de Londres, s’assura par contrat la collaboration exclusive d’Eugène Piat. Celui-ci se mit immédiatement à l’œuvre et exécuta, entr’autres morceaux, une cheminée monumentale de style néo-grec, qui peut être considérée comme une de ses œuvres capitales. Elle mesurait environ six mètres de hauteur et comprenait des marbres et des bronzes polychromes. Une statue de Minerve, en bronze doré, était placée au centre, se détachant sur un fond décoré de dessins gracieux. (…) Malheureusement, cette œuvre importante est perdue. Expédiée à un acquéreur sur un navire qui fit naufrage, elle repose maintenant au fond de la mer.
Les années qui suivirent furent particulièrement bien employées. Lorsqu’arriva l’ Exposition Universelle de 1867 , ce fut pour notre artiste un véritable triomphe. Non seulement chez M. Marchand, mais chez plusieurs autres éditeurs de bronzes, il avait créé des œuvres dans lesquelles se manifestaient la souplesse et la force de son talent arrivé à maturité. (…) L’époque la plus brillante de la carrière d’Eugène Piat, celle où son talent se manifesta avec le plus de variété et le plus de puissance, est marquée par l’ Exposition Universelle de 1878 . »
(Victor Champier in Musée de Troyes, Art décoratif (Musée Piat), Catalogue, 1897).

La collaboration entre Piat et la maison Perrot se déploie notamment à l’occasion de l’Exposition universelle de 1878 puisque les pièces majeures qui y sont présentées par le fabricant de bronze sont dessinées par Frédéric-Eugène Piat. On peut aisément imaginer que c’est dans cette période artistiquement féconde que le modèle de notre encrier fut créé. Le catalogue du musée de Troyes, édité en 1897, mentionne que les encriers japonisants qui y sont conservés furent édités par la fonderie Aubin et Leroux qui expose à l’Exposition universelle de 1889, ce qui est très probablement également le cas pour notre encrier.

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