Style Néo-Renaissance / Ref.15775

GUÉRET FRÈRES (ébénistes) et CARRIER-BELLEUSE (modèle de), Paire de porte-torchères « Pages », modèle de l’exposition universelle de 1867

Ces deux porte-torchères en noyer signés Guéret Frères ont été présentés au stand des ébénistes à l’Exposition universelle de 1867.

Dans Les curiosités de l’Exposition universelle de 1867, Hippolyte Gautier commente ces deux pages de la Renaissance : « d’une bonne attitude ; en bois de noyer, mais vivants et palpitants sous leur dalmatique fleurdelisée ». En effet, l’un des pages porte un manteau qui repose élégamment sur ses avant-bras, permettant d’admirer un habit couvert de fleurs de lys en dorure indiquant qu’il est sûrement au service de la famille royale. Le deuxième page, dont le Schaezlerpalais en Allemagne possède un exemplaire, porte des habits tout aussi luxueux mais son manteau lui apporte plus de structure grâce à ses épaules bouffantes. Cette diversité dans le costume contribue au mouvement et à la vitalité de l’ensemble dont parle Gautier.

« C’est là encore qu’ont été taillées, sur modèles de M. Carrier-Belleuse, deux figures de jeunes pages de la Renaissance, de la grandeur de jeunes gens de quatorze ans, debout et susceptibles de supporter une lampe, un vase, un objet décoratif quelconque. Ces figures étaient d’une grâce et d’un naturel exquis. Je crois qu’on les payerait bien cher et qu’on les placerait sous un bon jour dans nos musées si, même sans signature, elles avaient été découvertes dans les greniers d’un vieux château », écrit-on encore dans la Gazette des beaux-arts en 1868 au sujet du stand de Guéret Frères à la section Meubles de luxe de l’Exposition universelle.

Albert-Ernest Carrier de Belleuse dit Carrier-Belleuse (1824-1887) fut le sculpteur le plus prolifique du Second Empire. Il reçut beaucoup de commandes et participa à la décoration d’importantes institutions. Notons par exemple les deux torchères de l’escalier d’honneur de l’Opéra Garnier. Carrier-Belleuse fut un grand admirateur de la Renaissance et du XVIIIe siècle. Habitué des Salons et des Expositions universelles, il reçut de nombreuses médailles et récompenses. On lui connaît d’autres œuvres exécutées par Guéret Frères telle que cette pendule en noyer de 1863 conservée au Metropolitan Museum.

Denis-Désiré (né en 1828) et Onésime Guéret (né en 1830), qui fondent une fabrique de meubles sculptés en 1852 au 7 rue Buffault à Paris sous le nom « Guéret Frères », sont aussi des participants réputés des Expositions universelles depuis 1855. En 1867 justement, ils sont médaillés d’or pour un « très beau buffet-dressoir de salle à manger, surmonté d’une tête de cerf, et orné d’un beau panneau sculpté en relief. Le tout en chêne » (L’Exposition universelle de 1867 illustrée). Ils reçoivent aussi des critiques élogieuses pour plusieurs pièces de leur stand qui font référence à cette médaille d’or (The Illustrated Catalogue of the Universal Exhibition 1867, The Art Journal) et Denis-Désiré devient même chevalier de la Légion d’honneur.

Traduction de The Illustrated Catalogue of the Universal Exhibition 1867, The Art Journal, p.144: « M.M. Guéret Frères méritent leur place parmi les fabricants de meubles français ayant reçu des « récompenses » et une médaille d’or. Ils détiennent cette place principalement grâce à leur travail de sculpture sur bois dont nous vous présentons sur cette page deux magnifiques exemples — un cabinet et l’« aile » d’un autre cabinet. »

L'excellence de leur travail pour la fabrication des meubles sculptés, fréquemment récompensée, étoffe leur carnet de commandes. De riches bourgeois mais aussi d’illustres personnalités telles que le duc d’Aumale, Napoléon III ou encore M. Bryce, très demandeurs de ce fastueux mobilier, leur feront des commandes. Ce dernier leur commanda d’ailleurs la réalisation de l’ensemble du mobilier destiné à son hôtel avenue Gabriel.