Alphonse Giroux
Télécharger en PDFLa Maison Alphonse Giroux, « le marchand des princes », est un important fabriquant parisien de meubles et d’accessoires de luxe, dont les produits étaient destinés à une clientèle aristocratique et bourgeoise, installé dès 1799 au n°7, rue du Coq Saint-Honoré, puis Boulevard des Capucines. Fondée par François-Simon-Alphonse Giroux sous l’enseigne « A. GIROUX à PARIS », elle est reprise par les enfants Giroux et reste active sous le nom d’« Alphonse Giroux et Cie » jusqu’en 1867, date à laquelle la direction est reprise par Ferdinand Duvinage .
Le magasin fondé par Giroux père change à l’origine souvent de description dans l’annuaire, et l’on devine une activité très diversifiée. Spécialisé dans le papier et les fournitures artistiques, il est également restaurateur de tableaux et propose des objets de fantaisie et d’écriture : on y vend des écritoires, encriers, et également des jouets. En effet, le 6 juin 1818, il dépose le brevet du kaléidoscope qu’il appelle aussi le « transfigurateur ». Ce nouveau jouet fait fureur et Alphonse Giroux attire ainsi une clientèle en demande de cadeaux de luxe. Le magasin connaît ainsi le succès dès le Consulat, si bien qu’à la Restauration il est déjà important. Ainsi, Louis XVIII sollicite Alphonse Giroux pour réaliser les étrennes des enfants de France : un carrosse d’or conservé au musée Carnavalet. Les chevaux de nacre sont harnaché d’or, et le carrosse est orné d’émeraudes et vitré en cristal de roche.
S’orientant vers la tabletterie et l’ébénisterie vers 1830, le magasin continue de fournir entre autres de beaux objets pouvant être offerts à des enfants et des dames : jouets, nécessaires à couture, tables à ouvrage, coffrets et miroirs. L’esthétique des fabrications d’Alphonse Giroux prend souvent son inspiration dans les styles du XVIIIe siècle, mais elle est loin de seulement rééditer des modèles passés. Il s’agit en effet de créations parfois empreinte du style Troubadour , mais qui se laisseront aussi séduire par le Japonisme dans la seconde moitié du siècle. Les meubles et accessoires d’Alphonse Giroux peuvent ainsi varier dans les inspirations, véritables créations artistiques de leurs auteurs, mais ils sont toujours d’un luxe parfait.
C’est le cas du bonheur-du-jour présenté à l’Exposition Universelle de 1855, qui séduisit l’Impératrice Eugénie. Ce meuble impressionnant en tilleul sculpté semble couvert de plantes grimpantes, qui envahissent l’espace et lui donnent l’air d’être échappé d’un conte. Il est aujourd’hui conservé au Château de Compiègne.
Soucieux d’offrir le meilleur à sa clientèle, le magasin reste à la pointe du progrès. Ainsi, en arts décoratifs, il s’associe à Julien-Nicolas Rivart pour créer des meubles incrustés de porcelaine, qui restent d’uniques exemples de ce procédé.
Intéressé par l’optique, Giroux père est non seulement l’inventeur du kaléidoscope mais aussi le dépositaire exclusif du daguerréotype, en collaboration avec la Maison Susse. Daguerre et Niépce lui accordent en effet en 1839 l’exploitation du procédé, si bien que les tout premiers daguerréotypes, ancêtres des appareils photo, sont estampillées Alphonse Giroux, ainsi que les premiers papiers photo fournis par le magasin.
La maison Alphonse Giroux est cédée en 1867 à Duvinage, cousin d’Alphonse Giroux fils, et sera dirigée par la veuve Duvinage de 1874 à 1882. Après une ultime reprise par Philippe et Arnut, le magasin ferme définitivement en 1885.