Style Napoléon III / Ref.03142

Louis-Robert CARRIER-BELLEUSE et FAÏENCERIE DE CHOISY LE ROI : "Uranie" exceptionnel vase en grès. Exposé en 1902.

Grand vase ovoïde en grès sur son socle tripode à décor en haut-relief réalisé en grès émaillé.
Ce vase présente un large col sur lequel se déploie une farandole d’amours s’amusant avec la Lune dans un décor céleste d’étoiles et de nuages, telle une allégorie du jour et de la nuit.La nuit durant, l’un des amours s’échappe de la bouche de la Lune personnifiée, tandis qu’un autre s’agrippe fortement à elle. Au côté opposé, un autre réconforte la Lune qui ne peut luire durant la journée.La panse du vase présente également un décor continu de fleurs et feuillages narrant deux scènes principales tirées de la Mythologie : Uranie mirant les astres et le réveil de l’Aurore.Dans un décor de vestiges antiques de balustrade et de colonnes ioniques, la muse Uranie étudie le ciel à l’aide de sa lunette astronomique et de son globe vigoureusement tenu par un amour, tandis qu’une de ses disciples, une Ouranie, prend des notes sous sa dictée.L’Aurore est voluptueusement allongée sur un parterre de fleurs et de feuillages des champs à haut-relief, le visage encore ensommeillé.L’ensemble du décor se décline sur un fond bleu subtilement dégradé suivant que les scènes se situent pendant la nuit ou le jour, ou qu’il faille faire davantage ressortir les personnages. L’harmonie de ce vase est non seulement thématique mais aussi chromatique. Ainsi, le piédouche à doucines de couleur bleu nuit fait écho au col.Ce vase se présente sur un majestueux socle tripode à décor très original de lions renversés, au pelage délicatement traité allant du beige au brun foncé, témoignant de la grande maîtrise des émaux et de leurs cuissons.Les lions reposent sur un piètement également tripode de cariatides aux terminaisons finement enroulées, les côtés offrant un décor de coquilles épanouies.

Ce vase est le reflet de la grande créativité de Carrier-Belleuse, harmonisant subtilement ses inspirations néo-rocaille et néo-classique.
Il s'attache à la description du rendu compliqué de l’atmosphère céleste, des bords flottants des drapés, de la chevelure qui entoure les visages. Pour accuser la réalité des détails il incisait l'argile encore humide, après avoir terminé la forme générale.
Dans la lignée de son père, il poursuit sa théorie qui reposait sur l'idée de l'application de la figure humaine aux arts décoratifs, en particulier la figure féminine. Son habileté à rendre d'une manière réaliste les caractéristiques de ses modèles lui conféra une grande renommée.

Louis-Robert Carrier-Belleuse ( 1848-1913)
est le fils d'Albert-Ernest Carrier-Belleuse dont il fut l'élève. À l'école des beaux-arts il suit les leçons de Gustave Boulanger et d'Alexandre Cabanel.
En 1877 ; il acquit auprès de Théodore Deck ses premières expériences de céramique.
Au salon de 1881, il obtint le prix du meilleur peintre, puis celui du meilleur sculpteur au salon de 1889.
Il dessina des modèles pour la Faïencerie de Choisy-le-Roi dont il fut le directeur artistique.
Parmi ses œuvres : Le Monument National du Costa Rica, Une Petite Curieuse au Musée de Rochefort, Les Petits Ramoneurs, Porteurs de farine au Musée du Petit Palais (1885). Ses œuvres sont également conservées au Dahesh Museum, New York ; Musee d'Art et d'Archéologie, Moulins, France ainsi qu’au Musée d’Orsay, Paris.