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Style Néo-Renaissance / Ref.15455

Théophile SOYER : "Le Chasseur" grande plaque émaillée

Dimensions
Largeur : 15cm
Hauteur: 29cm

Époque et provenance:
Signé et daté, dans le coin inférieur droit « T. Soyer. 1885 »

Émail polychrome peint sur cuivre

Dans un paysage occupé par un château perché sur un éperon rocheux, un homme pratique la chasse au faucon. Son arbalète sur l’épaule gauche, il tient un faucon sur sa main droite, protégée par un gant de cuir. Le faucon est coiffé d’un chaperon, coiffe de cuir décorée que l’on mettait aux rapaces avant la chasse pour les calmer et conserver leur influx nerveux. Les pattes du rapace sont attachées par des jets, courtes lanières de cuir servant à le tenir. Cette plaque célèbre la renaissance de la chasse au vol qui eut lieu au milieu du XIXè siècle. L’homme est debout, sur un sentier bordé de végétation. Il adopte un léger déhanchement vers la droite. Il est vêtu à la mode du XVIè siècle français. Le pourpoint est ouvert sur la poitrine par de larges fentes lacées appelées des crevées qui dévoilent largement la chemise. Ce type de pourpoint est inspiré des modes vénitiennes de la fin du XVè siècle et dont la France s’inspira au début du XVIè siècle, sous François Ier. Sous le règne d’Henri II commença la mode des fraises, dont s’inspire peut-être le col de la chemise de notre chasseur. L’usage des culottes serrées aux genoux par un nœud de ruban date du règne de Charles IX alors que les chausses sont fréquemment parties, c’est-à-dire chacune d’une couleur différente, comme celles du chasseur. Enfin, la toque à fond plat à plumet est à la mode pendant la première partie du XVIè siècle. Il est donc intéressant de constater que Théophile Soyer, dans sa composition mêle diverses époques, s’inspirant très nettement de la Renaissance. Les couleurs vives, le rouge de la toque, le bleu des manches et le vert du chaperon, tranchent nettement avec l’atmosphère sombre de la composition mettant l’accent sur ces quelques éléments du costume.

 

Parmi les différentes techniques de l’émail, l’émail peint s’est épanoui à Limoges durant la Renaissance, plus particulièrement de 1530 au début du XVIIè siècle. Au XIXè siècle, l’intérêt manifesté pour les époques anciennes amène à la redécouverte de cet art. C’est en 1840 qu’on voit réapparaître les émaux peints. En camaïeu, blanc sur noir, ce sont tout d’abord de petits éléments imitant les camées qui sont utilisés en bijouterie. Les années qui suivent correspondent à une période de recherche à la fois sur la composition chimique des émaux et sur les supports possibles. En 1860, de nombreux artistes sont arrivés à une maîtrise remarquable. Au premier rang de ces artistes, nous trouvons Claudius Popelin. Parmi ses collaborateurs, il y avait Paul Soyer. Né en 1832, il réalisait principalement de petits bronzes dorés décorant le mobilier. En collaborant avec Popelin, ils ornementèrent les meubles avec des émaux, afin de remplacer les bronzes, plus classiques et plus chers. Après la guerre de 1870, Paul Soyer s’installe à son compte, au 4 bis rue Saint-Sauveur, et, cinq ans plus tard, il est cité parmi les meilleurs ateliers. Il fabrique principalement des plaques en camaïeu destinées à décorer des objets ou des meubles. Toutefois, dans son atelier, il est obligé de faire appel à des artistes pour imaginer de nouvelles compositions. C’est pourquoi il orienta vers les Beaux-Arts son fils, Théophile. Né en 1853, celui-ci suivit les cours de l’atelier Yvon et Levasseur et débuta au Salon de 1870 avec une reproduction en émail d’un tableau de le Barbier aîné. : Apollon tuant le serpent Python. Adoptant le style « troubadour » alors en vogue, il réalisa des pièces figurant des fauconniers à cheval, des hallebardiers ou des chasseurs, en polychromie chatoyante ou en camaïeu d’or : notre chasseur semble bien faire partie de cette série. Le Musée Municipal de l’Évêché – Musée de l’émail de Limoges, un des très rares musées au monde détenteurs d’une œuvre de cet atelier, a acquis une pièce en 2000, Hallebardier, très similaire à l’œuvre que nous présentons ici, par la composition, le costume, les couleurs et le type de sujet représenté. Le musée de Reims, lui, possède une scène de mousquetaires attablés devant une cheminée, cartes en main, signée du maître émailleur (La partie de cartes, après 1875, Musée des Beaux-Arts de Reims).