Style Autre / Ref.15441
Jean-Jacques FEUCHÈRE (attribué à), Jardinière aux trois tritonnes en porphyre et en marbre, première moitié du XIXe siècle
Dimensions
Hauteur 78cm
diameter: 68cm
Époque et provenance:
France, XIXe siècle
Statut:
Bon état
Cette jardinière aux trois tritonnes fut exécutée dans la première moitié du xixe siècle, pour la sculpture, attribuée à Jean-Jacques Feuchère, et au xviie siècle, pour le bassin (ou labrum) en porphyre.
Le porphyre est « une roche pourpre tachetée de blanc extraite du désert oriental égyptien ». Du fait de sa couleur, il fut, dans l’Antiquité, associé au prestige impérial. Sa grande dureté, nécessitant un travail d’excellence, ajoute au prestige symbolique de ce matériau. Les carrière d’où le porphyre était extrait se trouvaient dans le désert égyptien ; elles furent abandonnées au ve siècle, si bien que tous les objets exécutés entre ce moment et le xviiie siècle sont issus du réemploi de réalisations antiques. Ici, le porphyre est associé au marbre blanc, donnant lieu à un contraste harmonieux entre les deux parties de l’œuvre.
Le bassin en porphyre s’inspire de modèles de labrum antiques comme il pouvait s’en trouver dans les thermes romains les plus prestigieux. Toutefois, il ne fut probablement exécuté qu’au xviie, à une époque où la taille du porphyre reprit son essor. Sa forme parfaitement circulaire, d’un seul bloc, est mise en valeur par une alternance de courbes convexes et concaves, la partie supérieure étant évasée. Une ouverture circulaire discrète permet l’écoulement de l’eau.
La sculpture servant de support au bassin est attribuée à Jean-Jacques Feuchère (Paris, 1807-1852). Fils de ciseleur, ce sculpteur travailla d’abord pour les orfèvres et les fabricants de bronze, avant de gagner en monumentalité. Il exposa à presque tous les Salons de 1831 jusqu’à sa mort en 1852.
L’ornementation sculptée est particulièrement travaillée. Sur un socle hexagonal recouvert de mousse due à l’humidité se dressent trois tritonnes agenouillées sur leurs queues de poisson bipartites, venant s’enrouler autour de celle de leur voisine. Des algues font la transition entre le bas du corps, celui d’un poisson, et le haut du corps, féminin. Les trois tritonnes, la tête penchée sur le côté, couronnée de feuilles et de fruits, sont autant de caryatides : elles portent le bassin sur leurs bras, repliés et joints derrière la tête. Entre chacune d’elles émergent des roseaux.
Le motif des tritonnes s’inspire de nombreuses œuvres du xviiie siècle mettant en scène des créatures hybrides aquatiques, dans l’art rocaille et baroque notamment. Toutefois, leur style dénote leur appartenance au siècle suivant, où des motifs similaires furent repris.
Le motif des tritonnes est également présent dans le dessin de la pièce centrale d’un surtout exécuté par François-Désiré Froment-Meurice (1801-1855) pour le duc de Luynes entre 1846 et 1851 (aujourd’hui au musée du Louvre), d’après un dessin de Jean-Jacques Feuchère. Une photographie se trouvant dans les collections du musée d’Orsay, prise vers 1858, donne un bel aperçu de ces figures, notamment de l’une d’entre elles, dont la posture se rapproche particulièrement de nos tritonnes. Notre jardinière s’inscrit dans la suite de cette œuvre emblématique.
La fontaine autrefois située rue du Faubourg Saint-Martin dans le 10e arrondissement de Paris, érigée en 1843, reprend ce même motif : de part et d’autre du pied de la fontaine, un triton et une tritonne aux queues enroulées soutiennent de leurs bras repliés une vasque accueillant un putto et un cygne. Comme pour notre jardinière, la tritonne présente une double queue de poisson, une même transition subtile entre corps humain et corps animal, ainsi que la posture en caryatide, le bras replié au-dessus de la tête.
Des tritonnes-caryatides quasiment identiques à celle de la fontaine parisienne étaient encore proposées pour la fonte par la Société Ducel, rachetée par la société du Val d’Osne, parmi les ornements de fontaines et de vasques (catalogue Ducel-Val d’Osne, probablement vers 1880, planche 212).
Le motif de la tritonne caractérisant notre jardinière, grand poncif du xixe siècle, était donc déjà utilisé dans la première moitié de ce siècle, par Jean-Jacques Feuchère ou par les fonderies, entre autres. Il connut également une postérité importante dans la seconde moitié du siècle, mais le motif eut alors tendance à se standardiser, à l’opposé de l’unicité et de l’originalité du piètement sculpté de notre œuvre.
Informations
Localisation actuelle
location_onGalerie Marché Cambo
Prix: sur demande
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