La fonderie d'Art du Val d'Osne
Télécharger en PDFLa technique de la fonte d'art permet une large diffusion de sculptures résistantes et de grande qualité, de dimensions souvent monumentales. La fonte de fer, plus abordable que le bronze, connaît son essor au cours du XIXème siècle (appelé aussi « le siècle du Fer ») et les artistes sauront vite tirer avantage des qualités de ce métal très apprécié pour l'ornement.
Sous le terme de « fonte d'art » on regroupe des pièces indépendantes (statues en pied, bustes, portraits), des pièces monumentales, en reliefs ou rondes-bosses, faisant partie d'un ensemble architectural ou d'un paysage (généralement de grandes dimensions visant à décorer ou à donner une signification particulière à un site : fontaines monumentales, statues équestres, monuments commémoratifs). Les sujets de ces œuvres d'art sont aussi bien profanes que religieux.
La société du Val d'Osne est une fonderie d'art créée en 1835 par Jean Pierre Victor André, inventeur de la fonte de fer d'ornement. Créée au départ pour fabriquer du mobilier urbain et des fontes décoratives, cette entreprise devient très rapidement la plus importante production de fonte d'art en France sous le nom de « fonderie d'art du Val d'Osne ».
Son neveu, Hippolyte André (1826-1891) reprend la tête de l'entreprise à la mort de son oncle. La fonderie a installé ses ateliers au Val d'Osne en Haute Marne. Son siège social ainsi que son magasin d'exposition sont alors situé au 58 boulevard Voltaire à Paris. En plein essor, elle absorbe plusieurs établissements concurrents dont Barbezat et Ducel.
Elle est régulièrement récompensée lors des différentes expositions des produits de l'industrie française (1834 : médaille de bronze, 1839 médaille d'argent, 1844 et 1845: médailles d'or). La société du Val d'Osne participe également à de nombreuses Expositions Universelles. Il faut retenir l'exposition de 1851, à Londres au Crystal Palace, qui donne à la société du Val d'Osne une consécration internationale : les fontes d'art monumentales sont alors mises en valeur dans cette nef de verre gigantesque. Elle participera également à l' Exposition Universelle de 1855 à Paris, de 1875 à Santiago, de 1879 à Melbourne, de 1878 (Grand prix et deux médailles d'or), 1889 ( hors concours et membre du jury) et 1900 ( hors concours et membre du jury) à Paris.
Présente à l'Exposition universelle de 1900, la Fonderie d'Art du Val d'Osne conçoit la même année, (et dans des styles très différents), les quatre grands ensembles en bronze doré du Pont Alexandre III et les entourages Art nouveau conçus par Hector Guimard pour le métro de Paris.
La fonderie collabore avec de nombreux et importants artistes comme Albert Ernest Carrier-Belleuse, Mathurin Moreau (actionnaire dans l'entreprise) ou James Pradier. Elle est réputée pour ses fontaines monumentales, groupes animaliers, statues et grands groupes en fonte de fer, d'après des modèles antiques ou classiques. D'ailleurs, sur les plus anciennes fontaines Wallace à Paris, on peut encore lire la signature du Val d'Osne. On lui doit aussi quelques monuments aux morts de la Grande Guerre.
En 1931 la fonderie est rachetée par son principal concurrent l'Usine de Sommevoire (aujourd'hui GHM Entreprise) qui produit encore aujourd'hui du mobilier urbain.
Après la Seconde Guerre Mondiale, la fonte d'ornement n'est plus à la mode, les statues et fontaines sont mal entretenues. Méprisées par les spécialistes de l'art, des réalisations faites pour les expositions universelles sont même mises à la décharge sous prétexte qu'il s'agit là d’œuvres de diffusion, d’œuvres industrielles, multiples de l'art académique. Il faudra attendre l'ouverture du musée d'Orsay à Paris en 1986 puis une thèse sur Pierre-Louis Rouillard (sous la direction d'Anne Pingeot) pour que les fontes d'art reviennent en grâce et entrent au musée, telles les belles statues animalières qui se ornent le parvis du musée d'Orsay.
Bibliographie
- BARBEZAT André, Hauts fourneaux et fonderies du Val d'Osne, Impr. De Wittersheim, Paris, 1864
- COCHAIN Bernard-Yves, Pierre-Louis Rouillard, Sculpteur animalier et professeur de sculpture et d'anatomie – 1820-1881, Diplôme de Recherche Approfondie de l'Ecole du Louvre sous la direction d'Anne Pingeot, 1997.
- VUILLAUME Emmanuel, La fonte d'art au Val d'Osne à travers l'oeuvre du sculpteur Mathurin Moreau, Université de Reims Champagne-Ardenne, Reims, 2001.