Style Autre / Ref.14054

Sèvres et Karine LIÉVEN, Paire de vases en porcelaine décorés de coureurs de marathon

La forme cylindrique de ces vases fut créée par Maurice Daurat en 1933. Leurs décors de coureurs sont quasiment identiques ; ils furent créés par Karine Liéven, comme l’indique l'inscription située sous la base, accompagnant le cachet de la manufacture de Sèvres.

L’un des deux vases comporte un liseré d’or au sommet et à la base, contrairement au second. Toutefois, tous deux portent le même décor aux teintes de bleu-gris et d’orangé plus ou moins soutenues, représentant des coureurs, dont les silhouettes sont dessinées, mais dont les visages ne sont qu’esquissés.

La vie de Karine Liéven (1899-1978) est méconnue. Il semble qu’elle peignit beaucoup à l’aquarelle, médium dont l’influence est perceptible dans le décor de ces vases.

La scène est rendue poétique par le paysage et par une évocation du sport indépendante de celle de la souffrance et de l’effort, d’autant plus que plusieurs coureurs sont représentés pieds nus.

Il existe une trace du dessin préparatoire de Karine Liéven. L’artiste semble avoir changé de parti-pris en cours de réalisation : sur l’esquisse, elle représente un coureur se dirigeant vers le spectateur, tandis que tous sont de profil dans la version définitive, et semblent tourner autour du vase ; si la première version est saisissante, puisque le sportif se dirige droit vers le spectateur, la seconde s’adapte davantage à la forme du vase et permet de l’admirer quel que soit le point de vue.

Nos vases peuvent être rapprochés d’un autre vase à la forme très proche, dû à Maurice Daurat et conservé au Musée National du Sport, à Nice. Ce dernier est presque contemporain des nôtres, puisqu’il est daté de 1938, et il suit également la forme Daurat n°3. Son sujet est également sportif, quoique dans un autre domaine : le décor, stylistiquement différent de celui des coureurs de marathon, représente un match de boxe. La violence de la représentation de l’affrontement des protagonistes est renforcée par la vue frontale de la scène, ainsi que par l’utilisation de couleurs intenses et par l’affirmation des lignes.