Style Roman / Ref.10682

Alfred Émile O'Hara de Nieuwerkerke - Statue équestre de Guillaume Ier le Taciturne, Prince d’Orange Nassau et deux candélabres aux hallebardiers d’après Carlo Marochetti

Garniture de cheminée avec pendule et paire de candélabres en bronze à patine brune sur socles en marbre Statuaire et bronze doré.
Statue équestre signée et datée : « E de Nieuwerkerke 1843 » sur la terrasse et marque du fondeur « Susse Edt »
Dimensions de l’horloge : H. 84 cm x L. 46,5 cm. x P. 24,5 cm
Dimensions des candélabres : H. 90,5 cm. x L. 25 cm. x P. 25 cm.

Au Salon des Artistes Français de 1843, le jeune comte Alfred Émile de Nieuwerkerke (1811-1892), alors âgé de 32 ans, présente une statue équestre en plâtre intitulée Guillaume Ier, dit le Taciturne, prince d’Orange. Grand sculpteur romantique du XIXè siècle, Émile de Nieuwerkerke est notamment connu pour avoir été Directeur général des Musées à partir de 1849, et sans doute l’homme le plus influent sur la politique culturelle en France jusqu’à la fin du Second Empire. La ferveur de Nieuwerkerke pour l’art a en réalité commencé lorsqu’il se passionne, à l’âge de 23 ans, pour la sculpture et prend des cours auprès du grand James Pradier et du baron Carlo Marochetti. Ses relations lui permettent de réaliser des commandes officielles, notamment les bustes de l’Impératrice Eugénie et de Louis-Napoléon Bonaparte. Le comte de Nieuwerkerke se fait remarquer dès le salon de 1838 avec l’exposition du groupe La Mort du duc de Clarence qui lance véritablement sa carrière.

Ayant été élève de Carlo Marochetti, sculpteur d’origine italienne, le jeune Nieuwerkerke ne peut qu’être fortement impressionné par la statue équestre du Monument à Emmanuel Philibert, duc de Savoie réalisée par le maître entre 1833 et 1838 et qui orne depuis la Piazza San Carlo de Turin en Italie. Il ne fait aucun doute que cette monumentale statue est présente à l’esprit de Nieuwerkerke lorsqu’il réalise pour le Salon de 1843 son plâtre de Guillaume le Taciturne. Présenté sous le numéro 1477, le livret du Salon décrit ainsi la vie du héros : « Guillaume de Nassau, prince d’Orange, naquit en 1533 au Château de Dillembourg, de Julienne Stolberg et du comte Guillaume de Nassau, dit le Vieil. Il lutta longtemps contre l’injustice de Philippe II et le joug tyrannique de l’Espagne. Il en délivra son pays et conquit la liberté de la Hollande, qu’il affermit par l’union d’Utrecht, signée en 1579 ».
La proximité entre les deux sculpteurs est d’autant plus illustrée grâce à cette garniture de cheminée où le fondeur Susse associe la statue équestre de Nieuwerkerke aux hallebardiers de Carlo Marochetti.

Dès 1843, Nieuwerkerke a un projet extrêmement ambitieux pour sa statue équestre. Dans la lignée du Monument à Emmanuel Philibert de Carlo Marochetti, Nieuwerkerke émet le souhait de voir Guillaume le Taciturne érigé en statue monumentale. Guillaume II, roi de Hollande depuis 1841, avait également émit l’intention d’ériger un monument à la gloire de son ancêtre. Le baron Fagel, ambassadeur des Pays-Bas à Paris et lié à la famille de Nieuwerkerke, propose alors le projet du jeune sculpteur qui se rend à la cour de Hollande afin de présenter en personne une maquette de son projet. Guillaume II commande ainsi la statue à ses frais et celle-ci est inaugurée le 17 novembre 1845 devant le palais royal Noordeinde à La Haye.

La postérité de la statue équestre de Nieuwerkerke sera double puisque, dès 1844 et avant même que la sculpture monumentale ne soit réalisée, celle-ci figure au catalogue de la plus ancienne fonderie d’art de Paris, la Maison Susse. Nieuwerkerke est alors le premier sculpteur a apposer sa signature à l’édition de ses bronzes, ce qui constitue une véritable innovation.
La Maison Susse proposait les bronzes d’art de son catalogue montés sur socles simples et sur socles à pendules, ainsi que des candélabres assortis vendus séparément. Ici, nous avons une pendule et deux candélabres originaux de la Maison Susse, dont les modèles étaient proposés au catalogue.
Le succès de la figure équestre de Nieuwerkerke persiste puisqu’elle est encore proposée à l’édition dans les catalogues de la Maison Susse en 1860 et 1875.

En 1856, Pierre Malitourne consacre un important article au Comte de Nieuwerkerke dans la revue L’Artiste (3 août 1856, 3eme livraison, p. 57 à 60) et parle longuement de la statue de Guillaume le Taciturne :
« L’heure était venue pour le jeune sculpteur de donner plus fortement témoignage de son talent. Un des ces rêves d’artiste venait de prendre corps dans son imagination et se préciser dans une création qui demeure jusqu’à présent l’œuvre capitale de M. de Nieuwerkerke : nous désignons clairement la statue équestre de Guillaume Le Taciturne. Selon les procédés usités de l’art, la conception du Guillaume le Taciturne fut d’abord traitée en petite dimensions. En un mot, le sculpteur fit son esquisse. Mais, voulant sans doute une impression plus nette et plus arrêtée du choix et de l’effet des détails, il poussa l’exécution du modèle jusqu’au rendu, et la statue équestre s’acheva au quart de nature et fut exposée dans son atelier. Ce fut l’année suivante que M. de Nieuwerkerke entreprit l’exécution de sa statue dans les proportions monumentales. L’atelier de la rue Verte n’ayant pas l’espace voulu pour ce travail, l’artiste obtint du gouvernement un atelier plus vaste à l’île des Cygnes. Là se modela promptement, avec cette ardeur soutenue de l’artiste épris de son œuvre, la grande statue équestre qui aujourd’hui décore une place de la Haye. Nous avons dit, et ce sentiment est d’ailleurs unanime, que la statue de Guillaume le Taciturne est l’œuvre capitale de M. de Nieuwerkerke ; et nous pouvons ajouter qu’elle est une des meilleures statues équestres qu’on ait faites en France depuis longtemps. »
Fort du succès de sa première statue équestre, le comte de Nieuwerkerke exposera en 1854 une statue équestre en bronze de l’Empereur Napoléon Ier sur le rond-point des Champs-Élysées, monument destiné à la ville de Lyon.
Aujourd’hui, nous retrouvons des éditions en bronze de la statue équestre de Guillaume le Taciturne dans d’importants musées tels le Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe (Allemagne, Baden-Wurtemburg) ou le Musée départemental de l’Oise à Beauvais.