Style Napoléon III / Ref.11607

RICARD AUGUSTINE, « Après la chasse » Salon de 1885

Ce tableau de grand format, signé et daté, a été exécuté par Augustine Ricard et exposé au Salon de 1885, sous le titre Après la chasse. Il représente un vieux chenil dans lequel des griffons se retrouvent au retour de la chasse : plusieurs sont blessés et tous semblent exténués. Quelques indices indiquent qu’il s’agissait d’une chasse à courre, notamment le cor permettant aux veneurs de communiquer entre eux et avec les chiens et l’habit du veneur accroché sur une poutre dans la partie gauche du tableau, avec sa veste rouge caractéristique. Le sujet est familier à l'artiste, comme nous l’indique le Baron de Vaux dans un article paru dans le journal Gil Blas du samedi 28 mai 1892 : « on voit que Madame Ricard connaît la chasse et qu’elle est femme d'un veneur ».

Si le choix du sujet de la chasse à courre n'est pas rare en peinture, la représentation du moment qui vient après l'est davantage. Ce choix orignal permet à l’artiste de dépeindre l’envers du décor, si bien qu’une certaine émotion se dégage de la scène.

Les commentateurs du Salon de 1885 nous permettent de constater que le tableau d'Augustine Ricard fut bien reçu par ses contemporains et la critique lors de son exposition. J. Noulens écrivit dans Artistes français et étrangers au Salon de 1885 (1885) : « Fort beau chenil, chiens courants très fiers, bien groupés sur un lit de paille, bonne localité » (p. 152) ; dans L’Univers illustré du 27 juin 1885, il est également fait mention de l’œuvre en des termes laudatifs : « Après la chasse est signé d’un nom de femme [...]. Il n’y a rien de féminin [...] dans cette vue d’un intérieur de chenil, brossé avec une fermeté singulière, avec un relief de facture et de couleur véritablement étonnant » (p. 407). Le tableau est de nouveau cité dans L’Univers illustré du 21 novembre 1885 : « Plusieurs fois, au Salon de cette année, je me suis arrêté devant la grande toile de Mme Augustine Ricard […]. Mon cœur toujours jeune de vieux veneur a battu sous l’impression de cette scène rendue avec une si saisissante vérité » (p. 743).

Née à Paris, Augustine Ricard fut l’élève de Louis Mettling (1847-1904) vers 1885, puis de Henri Gervex (1852-1929) vers 1888. Elle affectionnait particulièrement les sujets animaliers, notamment canins. Elle fut l’une des rares femmes peintres à exposer au Salon au xix^e siècle, où elle sut mettre en avant son œuvre par sa monumentalité et l’utilisation de la peinture à l’huile. Elle présenta la toile L’Épagneul anglais au Salon de Dijon en 1887 et une autre intitulée Les Meutes lors de l’exposition canine de 1892.

Après la chasse connut un grand succès et l’artiste fut mainte fois complimentée à son sujet. Il s’agit sans aucun doute de l’une des pièces maîtresses de son œuvre.