Style Japonisme / Ref.16682

DECK THéodore, Vase sinisant à décor de fleurs de pêcher

Réalisé d’après un bronze chinois du XIXe s. de la collection Cernuschi, ce vase couvert d’une glaçure violette de manganèse qui met particulièrement en valeur la beauté du bleu Deck, est un témoin exceptionnel de la production de Théodore Deck dans le goût sinisant. Symbole de l’éclectisme des arts décoratifs de la deuxième moitié du XIXe s., l’artiste s’inspire en effet tout d’abord de la céramique d’Iznik avant d’étendre sa production aux influences de l’art extrême-oriental. Il met ainsi au point partir de 1863 des céramiques à glaçures colorées turquoises, imitant les biscuits émaillés chinois, aboutissant quelques années plus tard au célèbre bleu Deck. Créateur inspiré, il ne cesse de mener en parallèle des recherches sur les teintes (bleu, vert céladon, aubergine…). La maîtrise de la glaçure sur notre pièce illustre l’aboutissement de ces recherches, démontrant une exceptionnelle qualité d’exécution qui la place au sommet de la création de l’artiste, véritable chef d’œuvre de l’esthétique extrême-orientale.L’ouverture de l’Asie sur le monde occidental, ainsi que la création de collections réputées comme le musée chinois de l’impératrice Eugénie à Fontainebleau, ou celle rassemblée par Henri Cernuschi entre 1871 et 1873 lors de ses voyages, influence en effet les arts décoratifs de cette période, sur lesquels l’Extrême-Orient exerce un profond attrait. Sur la panse de ce vase, une branche de pêcher, qui semble jaillir du corps du vase, vient ainsi délicatement encadrer un caractère chinois, le signe shou, ces deux symboles étant associé à la longévité. Présenté à l’Exposition Universelle de 1878, ce modèle y rencontre un grand succès, qui incite l’artiste à en exécuter plusieurs répliques : l’une est aujourd’hui conservée au Musée des Arts Décoratifs de Paris, une autre au Musée Adrien Dubouché de Limoges. Notre vase en propose une variante, où les chauve-souris, apparentes sur les pièces de Limoges et Paris, ont disparu ; elle se distingue également des pièces des musées par la présence d’une élégante monture en bronze, qui fait l’objet d’un traitement particulier, reprenant le motif de branchage de la panse et accentuant ainsi le grand luxe de cet exemplaire exceptionnel.Formé en Alsace, Théodore Deck ouvre son propre atelier en 1856 à Paris. Dès ses débuts, il s’entoure d’artistes réputés comme Félix Bracquemont qui concourent à ses créations. Ses participations aux expositions sont à chaque fois récompensées par une médaille, comme à l’Exposition Universelle de Londres en 1862, de Paris en 1867, ou encore une médaille de 1ère classe et un diplôme d’honneur aux Expositions de l’Union Centrale des Arts Décoratifs en 1863 et 1865. Ultime reconnaissance de son exceptionnel talent, Théodore Deck est nommé directeur de la manufacture de Sèvres, dont il prend la tête en 1887.Beauté des couleurs, élégance du décor, virtuosité de la technique font de ce vase une pièce exceptionnelle, illustrant parfaitement ce que le jury de l’Exposition de 1878 déclarait à propos de Théodore Deck : « dans ses œuvres, il a la poésie, la douceur et la simplicité des forts » (Rapport du jury international à l’Exposition Universelle de 1878).