Style Egyptien / Ref.15597

Alexandre FALGUIÈRE (sculpteur) et Maison MARNYHAC (fondeur), Danseuse égyptienne, après 1873

Le bronze de cette sculpture d’Alexandre Falguière représentant une danseuse égyptienne fut fondu par la maison Marnyhac.

Cette statue s’inscrit dans l’égyptomanie qui traversa le xix^e siècle. La danseuse porte une coiffe ornée d’un vautour, à l’imitation des représentations de pharaonnes dans l’Égypte antique, ainsi qu’un large collier ousekh, apanage de l’aristocratique égyptienne. Sa poitrine dénudée est soulignée par un drapé orné de frises géométriques, cintré à la taille par un scarabée ailé, symbole égyptien par excellence. Sa posture est particulièrement dansante : une jambe devant l’autre, mettant tout le drapé en mouvement, ses bras nus semblent l’entraîner de l’autre côté pour jouer de la cithare. Sa tête, tournée vers la gauche, complète le mouvement. La signature de l’auteur se trouve sur la terrasse, ainsi que celle du fondeur, accompagnée de sa première adresse parisienne ; le titre de l’œuvre est indiqué sur une plaque fixée à base de la statue.

Alexandre Falguière (Toulouse, 1831-Paris, 1900) est l’un des artistes majeurs du xix^e siècle. Après ses débuts à l’École des beaux-arts de Toulouse, il travailla pour Albert-Ernest Carrier-Belleuse et intégra l’École des Beaux-Arts à Paris. Prix de Rome en 1859, il exposa assidûment aux Salons entre 1857 et 1912, et son Vainqueur au combat des coqs lui valut une médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1878. Falguière fut décoré de la Légion d’Honneur en 1870 et enseigna à l’École des beaux-arts à partir de 1882.

La maison Marnyhac était une entreprise de fabrication et commerce de bronzes d’art qui naquit à l’initiative de l’artiste Charles de Marnyhac (1840-1897) vers 1865. Cette maison concurrente de Barbedienne, implantée à Londres à la suite du succès remporté lors de l’Exposition internationale de 1871, remporta l’or à l’Exposition Universelle de 1878, où elle exposa, entre autres, des œuvres de Falguière, et se tourna vers une production de luxe. La cessation d’activité de la société parut en 1894.

Notre statue s’inscrit dans la collaboration de Marnyhac avec Falguière. Le sculpteur présenta le marbre de sa Danseuse égyptienne au Salon de 1873 ; faisant partie du jury, il était hors concours, mais son œuvre n’en fut pas moins remarquée par la critique, notamment par Henry Jouin dans La Sculpture au Salon de 1873 : « La Danseuse Égyptienne […] est certainement l’un des meilleurs ouvrages du Salon. La tête, jeune et sérieuse, contraste avec tous les visages de danseuses où le rire, que certains artistes croient un accompagnement obligatoire de la danse, est toujours voisin d’une grande prétention. Ici, pas de mines, aucune afféterie. La danse pudique et mesurée qu’exécute cette jeune fille est pour elle un art dont elle use avec goût, comme d’autres la musique. C’est la danse classique, et l’Égyptienne de M. Falguière n’est pas sans parenté avec les jeunes Grecques des Panathénées. […] Tout le haut du corps est d’une rare élégance, et les plis flottants de sa jupe, pour avoir moins de sobriété que le corsage, sont encore très-remarquables par l’adresse du ciseau avec laquelle l’artiste les a fouillés. Le bras droit, ramené sur le bras gauche, se dégage très-naturellement et forme une silhouette du meilleur effet. »

Lors du Salon de 1873, la statue appartenait à un grand collectionneur d’artistes contemporains, M. Laurent Richard, probablement le commanditaire de l’œuvre, à moins qu’il ne l’ait acquise juste après sa création. Elle resta dans sa famille jusqu’en 1994, date à laquelle elle passa en vente chez Christie’s avec sa base d’origine, ornée d’un bas-relief égyptisant à l’avant et de masques égyptiens sur les côtés.

Notre épreuve en bronze, extraordinaire par sa taille et par sa qualité, nous transmet fidèlement l’image d’une œuvre exceptionnelle, due à l’un des sculpteurs les plus en vue du xix^e siècle.