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Style Autre / Ref.14989

Joseph Simon Volmar (Berne, 1796-1865), Paire d'Ours en fonte de fer

Dimensions
Largeur 107cm
Hauteur 224cm
Profondeur : 121cm

Époque et provenance:
19ème siècle, France

Statut:
Bon état

Joseph Simon Volmar - Les Ours en Fonte

Joseph Simon Volmar (1796–1865)

Joseph Simon Volmar (ou Vollmar) était un peintre et sculpteur suisse. Il naquit à Berne le 26 octobre 1796, d’un père peintre, Johann Georg. Il fut d’abord l’élève de son père à l’école d’art de Berne, puis se rendit à Paris pour compléter sa formation artistique. Il y étudia auprès de maîtres reconnus entre 1814 et 1823, notamment Horace Vernet et Théodore Géricault ; il y retourna en 1824, et y apprit la sculpture chez David d’Angers. En 1823, il épousa Margaretha Schmid. Lorsqu’il retourna définitivement dans la ville d’origine, il y établit rapidement sa réputation, grâce à la renommée de son père. En 1836, il fut nommé Professeur extraordinaire de dessin académique et de peinture à l’huile à l’école d’art de Berne. Il mourut à Berne le 6 octobre 1865.

Sa renommée s’étendit au-delà des frontières suisses, puisqu’un graveur travaillant à Dresde, Pabst, exécuta une gravure d’après l’une de ses œuvres (R. Pabst, Löwin und Panther mit ihren Jungen).

Volmar était peintre et sculpteur d’histoire, de paysages et d’animaux. Il brilla plus spécialement dans cette dernière catégorie : nos Ours se situent donc en plein cœur de son art. Or, il se trouve qu’ils sont étroitement liés à la première catégorie, qui lui permit d’obtenir des commandes et des acquisitions publiques.

Rudolf von Erlach et la Laupenfest

Ce monument est érigé à la gloire de Rudolf von Erlach. Celui-ci, né vers 1299 à Berne et mort au château de Reichenbach en 1360, était un noble chevalier bernois au service du comte Rudolf III de Nidau, dont il avait la confiance. En 1339, lors de la bataille de Laupen, il dirigea les forces de la Confédération suisse contre une coalition importante formée par Louis IV de Bavière contre les Bernois. Il remporta la victoire, assurant ainsi l’indépendance de la ville, et la bataille de Laupen devint « l’un des exploits militaires les plus décisifs de l’ancienne Confédération suisse » (selon un article intitulé « Das Laupenjahr 1939 », paru dans Die Berner Woche en 1939). Erlach aurait été assassiné par son propre gendre : à la suite d’une dispute, ce dernier aurait saisi l’épée de la victoire de Laupen et s’en serait servi pour le tuer. Le xixe siècle fut l’époque de l’émergence de la conscience nationale par excellence. Ce fut un moment de célébration des héros locaux, de retour au Moyen Âge et à l’histoire de chaque nation. Les sujets tirés de l’histoire ancienne suisse étaient alors particulièrement favorisés par les autorités. Chez Volmar, outre le monument au vainqueur de Laupen, on peut identifier une représentation de la bataille de Morgarten et un monument au père Girard qui s’inscrivent dans cette veine. La Laupenfest, qui fut célébrée tout au long du siècle, était une véritable petite fête nationale. La première journée commémorative de la bataille eut lieu en 1816, sous l’impulsion du poète Johann Rudolf Wyss. Elle est l’un des premiers signes de l’intérêt croissant des bernois pour leur identité propre et pour les évènements qu’ils considèrent comme fondateurs pour leur ville. Elle eut de nouveau lieu en 1819, en 1824 et en 1829, puis, pour préserver le caractère exceptionnel de cette célébration, en 1839 (pour le cinquième centenaire de la victoire) et en 1889 (pour ses 550 ans). Enfin, en 1939, la Laupenfest fut de nouveau célébrée en grande pompe.

Le Monument à Rudolf von Erlach

L’inauguration de la statue équestre de Rudolf von Erlach eut lieu dans le cadre de cette manifestation, le 12 mai 1849, sur la Münsterplatz, à Berne. En 1839, justement pour le cinquième centenaire de la bataille, le projet d’une statue avait soulevé l’enthousiasme et les contributions financières. Toutefois, le projet n’aboutit finalement que dix ans plus tard. La statue célébrant le héros de la bataille fut inaugurée en grande pompe. Y participèrent notamment Volmar, qui lui donna forme, et Theodor von Hallwyl (1810-1870), un comte suisse qui joua le rôle de mécène.

Ce dernier, après avoir étudié l’art à Munich, Vienne et Berne, exerça ses compétences artistiques en tant que collectionneur et mécène. Ainsi, il contribua de manière unique à la promotion des arts à Berne. En effet, en cette occasion, il participa doublement à l’enrichissement artistique de la ville : pour financer la statue, il vendit à la ville sa collection d’art, aujourd’hui encore conservée au Kunstmuseum de Berne.

Plusieurs inscriptions dans la pierre du monument nomment les principaux acteurs qui permirent son érection. Les statues furent conçues et sculptées par Joseph Volmar, la statue équestre en bronze fut fondue par M. Rüetschi von Aarau et l’architecte Gottlieb Debler, qui s’occupa probablement du socle, est également cité. Les ours, quant à eux, furent exécutés en fonte. Ils sont également des créations de Volmar et furent commandés à la fonderie Gandillot et Roy, comme l’indique l’une des plaques posée sur le socle de l’un d’eux.

Symbolique et expressivité des ours

Le monument bernois est organisé de manière à mettre en valeur la statue équestre centrale : le héros de la bataille, à cheval, a l’allure fière et tient un étendard. Le cheval semble s’avancer, la jambe antérieure gauche relevée ; son mouvement est accentué par la légère surélévation de la jambe postérieure gauche grâce à un élément de relief. La statue repose sur un haut socle architecturé néogothique, qui porte de nombreuses inscriptions relatives au héros et à la bataille qu’il a gagnée (sur les plaques en bronze) et aux participants au monument (gravées dans la pierre). La statue et son socle sont encadrés par quatre ours assis, qui lui confèrent une monumentalité plus importante.

Les ours sont le symbole de la ville de Berne, protégée par le héros représenté. Le sculpteur leur prête une attention toute particulière : tous sont assis, les pattes postérieures écartées. Mais tous sont dans une posture différente : l’un lève haut la patte droite, l’autre a les quatre pattes au sol et le troisième soulève légèrement sa patte droite, tandis que le dernier pose une patte sur une boule et tient l’autre levée. Le pelage des animaux est soigné : les poils sont détaillés de manière à donner l’illusion de leur texture. Ils sont d’une grande expressivité, allant de l’air le plus doux au plus féroce, ce qui leur donne presque vie.

Du fait de cette individualisation, les modèles de nos deux Ours sont aisément identifiables. L’un est celui qui est représenté avec une balle ; l’autre, à l’air particulièrement féroce, est celui qui tient sa patte droite haut levée ; il s’agit donc des deux ours placés en arrière du monument, par rapport à la statue équestre.

Deux ours pour le maréchal de Saxe

L’histoire de nos deux Ours est étroitement liée à celle du monument bernois. En effet, ils furent exécutés pour le maréchal de Saxe, qui, ayant probablement admiré les statues de Volmar, a souhaité posséder ses propres ours. La plaque qui indiquait leur auteur et leur lieu de fonte a disparu, mais la comparaison avec le monument nous permet d’identifier Volmar sans le moindre doute pour la conception.

Ces statues auraient alors aussi été fondues à Besançon ; or, la manufacture Gandillot et Roy ayant été cédée à la société Degoumois et Cie en 1864, il est certain que les ours ont été exécutés avant cette date. Par ailleurs, une carte postale ancienne du château où ils étaient conservés, ancienne propriété du maréchal de Saxe, les montre juchés sur des socles en excellent état, alors que ces mêmes socles sont aujourd’hui éprouvés par le temps.

Les deux ours choisis parmi ceux du monument sont les plus expressifs : l’un montre les crocs, très féroce, et lève sa patte comme pour attaquer ; l’autre semble plus joueur, du fait de la présence de la balle, mise en valeur par la feuille d’or, et de son expression presque adoucie. Dans les deux cas, le sculpteur porte une grande attention à la représentation du pelage des animaux, bien plus long et fourni au niveau du ventre que sur le reste du corps. Il a en effet pu observer des ours : depuis 1513, la ville de Berne accueille des ours en continu en son sein. Jusqu’en 1857, ils se trouvaient au cœur de la ville, où le sculpteur animalier eut la possibilité de les observer ; en 1857 fut créée la fosse aux ours, puis, en 2009, la ville aménagea un vaste parc aux ours, afin que ceux-ci pussent évoluer plus librement.

Les ours dans l’œuvre de Volmar

Tout comme les ours sont un motif récurrent dans les monuments de la ville de Berne, ces animaux sont très présents dans la carrière de Joseph Volmar. S’exerçant parfois à la gravure, il représenta aussi des ours se battant grâce à ce médium. Par ailleurs, on connaît aussi de lui une lithographie représentant un ours en compagnie d’autres animaux (Chiens et ours, lithographie, Paris, musée Carnavalet), qui prouve que son talent ne s’arrête pas à la représentation du seul animal bernois. L’artiste a aussi dessiné des oursons joueurs.

Ces œuvres représentent l’animal dans son habitat naturel (une forêt, une grotte), et sont marquées par un grand souci de naturalisme et d’expressivité que l’on retrouve dans ses Ours en fonte. Enfin, l’artiste a donné un dessin pour un projet de fontaine, également en lien avec la bataille de Laupen. Dans ce projet, l’ours est assujetti au sujet allégorique, comme ceux du monument à Rudolf von Erlach. Toutefois, ce dernier est moins naturaliste : assis, tenant deux poissons entre ses pattes jointes, il prend un air réjoui qui correspond peu à ses autres représentations.

L’Ours bernois

Le choix de représenter des ours autour du monument célébrant Rudolf von Erlach, puis de les faire reproduire par le même auteur n’est pas anodin. En effet, l’ours est l’animal de Berne par excellence. Il appartient à l’identité historique de la ville : dès le XIIIe siècle, on le retrouve sur les monnaies et les sceaux bernoises. Il apparut ensuite sur les étendards de la ville.

Un article sur l’histoire de Berne écrit par F. A. Volmar, un historien homonyme du sculpteur, paru dans le Berner Zeitschrift für Geschichte und Heimatkunde en 1939, raconte que dans l’Antiquité, les ourses étaient vénérées comme figures de mères nourricières. Toutefois, les Bernois choisirent pour emblème l’ours au masculin, modèle d’indépendance et animal soucieux de conquérir de nouveaux territoires. Il a un caractère belliqueux, qui correspondit longtemps à l’image que la ville et ses dirigeants souhaitèrent donner d’eux-mêmes.

L’écrivain bernois Rudolf von Tavel écrivit à propos des armoiries de sa ville natale que c’est le « blason le plus caractéristique de son propriétaire » : « l’ours [...] s’élève sur un chemin doré au-dessus d’un champ rouge. L’animal héraldique correspond en termes de tempérament au peuple bernois. Puissant, sûr, déterminé, mais lent et, tant qu’il n’est pas irrité, bon enfant, il poursuit son chemin et [...] il monte. »

Et Tavel poursuit : « Qu’en est-il du sentier doré ? Les Bernois se promènent-ils dans des rues dorées ? Pas exactement ; mais la terre sur laquelle la ville se développe atteint un juste équilibre. Le pays bernois, balayé par des vents violents et endormi par de longs hivers, est un pays plein de richesse pour l’homme intelligent et travailleur ; il est suffisamment dur pour le protéger de l’arrogance, assez terrible pour le garder de la confiance, assez beau pour toucher son cœur. Et le champ rouge auquel aboutit le sentier doré ? — C’est l’histoire glorieuse sanctifiée par le sang d’innombrables fils du peuple. » (Rudolf von Tavel, cité dans F. A. Volmar, Der Berner Bär: aus der Chronik seiner 700 jährigen Geschichte, 1939, p. 205)

L’ours se rencontre ainsi dans plusieurs autres endroits de la ville. La fontaine de Zähringen, érigée en l’honneur du fondateur de la ville vers 1535 et restaurée en 1889, est surmontée d’un ours en armure avec un ours mort à ses pieds, rappelant la légende selon laquelle le comte Berthold V de Zähringen aurait tué un ours alors qu’il cherchait un emplacement pour la ville, et aurait décidé de la fonder à cet endroit. L’ours est ici explicitement allégorique ; Volmar, lui, n’a pas besoin de faire une référence directe à cette histoire, connue de chacun.

L’ours est aussi l’un des protagonistes de la tour de l’Horloge (la Zytglogge) de Berne, érigée au XVIe siècle : lorsqu’une heure sonne, sous la représentation du dieu du temps Chronos, une ronde de 7 ours se met à tourner. Ils figurent les jours de la semaine : un ours à cheval symbolise le dimanche, tandis que les six autres représentent chacun un métier différent.

Enfin, le monument à Zähringer de Karl Emanuel Tscharner, érigé en 1847, met aussi en scène le fondateur de la ville avec un ours vivant, représenté en train de jouer avec son heaume ; le thème de l’ours joueur se retrouve chez Volmar peu de temps après.

Cette importance historique des ours à Berne fait que leur présence est quasiment systématique sur les monuments qui ornent l’espace public. Ainsi, l’ours est à la fois l’emblème et le défenseur de la ville de Berne. Il semble naturel que tout monument célébrant son histoire arbore la représentation de cet animal. C’est le cas de la statue équestre de Rudolf von Erlach, dont les ours furent tant admirés qu’ils servirent de modèles à une nouvelle fonte, destinée cette fois à un usage privé. À notre connaissance, ces Ours sont deux exemplaires uniques, les seuls à avoir été tirés du monument de Rudolf von Erlach.

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