menu
Menu
account_box
Catégories
Contact
email Send us a message

Nous contacter

phone Par téléphone

+33 (0)1 42 25 12 79
Mar. - Sam., de 14h à 19h
+33 (0)6 60 62 61 90
Tous les jours, de 9h à 19h

email par Email

Plans & Adresses: contact@marcmaison.com

share Let's get social

Langue
Et aussi...
Ma sélection
(0 Objets)

Style Néo-Renaissance / Ref.10866

Richard COURMONT & Cie, Crédence à tiroirs secrets de style Néo-Renaissance « Entrevue de Louis XII et de Ludovic Sforza dans la ville de Milan 1496 »

Dimensions
Largeur : 130cm
Hauteur: 239cm
Profondeur : 50cm

Époque et provenance:
1884, France.
Signature : « Mon Richard Courmont & Cie Fecit Anno 1884 Paris ».
Noyer, marqueterie de cuivre, laiton, nacre, ivoire, argent, bois précieux, incrustation de lapislazuli, marbre.

Statut:
En très bon état.

Cette crédence à tiroirs secrets en deux parties a été réalisée en 1884 par l’ébénisterie Richard Courmont & Cie à Paris. Mentionnée à partir de 1880 dans les Annuaires-almanachs du Commerce de l’industrie, de la magistrature et de l’administration, cette société, spécialisée dans les tapisseries, les ameublements artistiques, les meubles et étoffes anciennes, se situe alors au 62 rue boulevard Malesherbes. Ce meuble en noyer sculpté de style Néo-Renaissance est représentatif de la production d’ébénisterie de l’époque et de son goût pour la réinterprétation des styles passés.

La partie supérieure, soutenue par des colonnes sculptées typiques du style Néo-Renaissance, est marquée par une grande richesse tant au niveau de l’ornementation que des techniques utilisées. Aux coins ainsi qu’au dessous du fronton se trouvent cinq plaques dont le décor en frise réalisé en cuivre repoussé est d’une très grande minutie et affiche clairement le souci du détail qui caractérise cette crédence. Sur chacune d’elle est représentée une scène religieuse ou militaire. Deux putti, situés dans des médaillons de bois de part et d’autre de la scène centrale, ont été réalisés grâce à des incrustations de cuivre et de laiton qui ont subi différentes oxydations, d’où résulte leur polychromie. Ce procédé est également utilisée dans les angles qui ornent le rectangle central, où d’autres putti jouent d’un instrument à vent face à une créature monstrueuse, ainsi que pour les rinceaux représentés sur le tiroir central. Ces techniques virtuoses de la part de l’ébénisterie ajoutent une grande préciosité à ce meuble, notamment dans le travail de marqueterie et d’incrustation de matières précieuses, tel que le lapis-lazuli, dont les incrustations carrées viennent agrémenter l’ensemble.

Au centre, dans une panneau sculpté dans le bois, se trouve une marqueterie en relief, pièce maîtresse de cet objet d’art, d’un épisode historique titré en bas sur une plaquette d’ivoire : « Entrevue de Louis XII et de Ludovic Sforza dans la Ville de Milan 1496 ». Il s’agit d’une scène inspirée de la première guerre d’Italie qui eut lieu de 1494 à 1497. Les guerres d’Italie, qui couvrent tout le XVIème siècle, opposèrent les italiens aux français, ces derniers voulant conquérir le royaume de Naples puis le duché de Milan afin d’asseoir leurs prétentions héréditaires, comme s’en fait l’écho la partie supérieure de la niche où est sculptée une allégorie de la Guerre. Toutefois, bien que le titre de cette scène indique Louis XII, celui-ci, n’est en réalité, en 1496, pas encore Roi de France, mais Louis d’Orléans – Charles VIII ne laissant le trône qu’en 1498. Par ailleurs, lors de ce premier conflit, Louis d’Orléans, qui commande les troupes franco-milanaises, les fait entrer dans Rapallo puis dans Novare, mais évite Milan : à cette date, la quête des français concernant le duché de Milan est encore veine. Ludovic Sforza, duc de Milan, finira par tomber face au futur Louis XII mais cela lors du deuxième conflit.
Cette scène est donc le fruit d’une fantaisie résultant du syncrétisme cher au XIXème siècle : l’histoire est réinterprétée. C’est aussi l’héritage du style troubadour qui est mis à l’honneur : né avec la redécouverte du Moyen-Âge, les peintres dits troubadours entendent renouer avec une histoire moins connue, plus anecdotique, propice à des scènes intimes, et à des décors et costumes des plus pittoresques. Avec le temps, le genre troubadour, qui entendait dans sa forme originale ne s’inspirer que de l’époque médiévale, s’étend et puise ses thèmes dans l’histoire de la Renaissance. Le traitement de cette scène est d’ailleurs plus proche de la scène de genre que de la scène historique : dans un intérieur au sol dallé, typique de la Renaissance, les soldats des deux camps ainsi que Louis XII et Ludovic Sforza sont représentés dans des costumes d’époque. La touche est presque naïve et n’est pas sans rappeler les enluminures médiévales.

Le style Néo-Renaissance est apparu dans les années 1830 et s’inscrit dans le vaste mouvement de redécouverte de l’histoire et des styles passés. Notre meuble puise ainsi son décor et son thème dans la Renaissance mais aussi sa technique. Le bois sculpté est en effet une des techniques que tentent de remettre au goût du jour les artistes, à la fois par rivalité envers le passé que par souci de perpétuer les savoir-faire traditionnels et artisanaux dans un siècle marqué par l’industrialisation et le progrès. Les trois tiroirs secrets – au niveau des deux frises de cuivre du bas ainsi qu’au centre de la crédence – s’inscrivent dans ce même courant. Les meubles à transformation apparaissent au XVIème siècle mais se développent surtout à partir du XVIIème siècle où les mécanismes deviennent de plus en plus complexes : tiroirs à secrets ou meubles multifonction deviennent un véritable art d’ébénisterie et ajoute au meuble sophistication et ingéniosité.

Une certaine technicité caractérise donc ce meuble et correspond au désir des artistes décorateurs de l’époque de renouer avec l’artisanat d’art tout en le renouvelant. Ce meuble, entre objet d’ébénisterie et objet d’art, est ainsi représentatif du goût très dixneuvième pour les styles passés, les histoires anciennes et les curiosités.