Style Autre / Ref.19145

« Aphrodite accroupie », statue en marbre du Grand Tour d'après l’original grec

Cette sculpture représente Aphrodite dans la mythologie grecque, ou Vénus dans la romaine. L'artiste a utilisé un marbre de Carrare qu'il a finement sculpté, afin de faire apparaître le corps de la déesse.

La statue repose sur son socle d'origine, en marbre vert. Le plateau octogonal est mouluré, soutenu par un chapiteau corinthien. Le fût de la colonne est cannelé et porte une bague en son centre à décors d'une frise de végétaux stylisés. Il repose sur un piédouche à section octogonale, mouluré.

Œuvre en rapport :

Quand on cherche le modèle originel de cette œuvre, nous nous trouvons face à une infinité de versions allant de -400 à nos jours. En effet, ce thème d'Aphrodite accroupie est un des motifs les plus appréciés de l'antiquité grecque.
En lisant le romain Pline l'Ancien (1), il semblerait que l’œuvre d'origine soit le fruit de Doidalsas de Bithyni, au cours IIIe siècle avant J.-C.. Elle est aujourd'hui perdue, Mais un grand nombre de copies et de réinterprétations nous sont parvenues. En effet, à chaque époque marquée par la culture antique, ce sujet revient. Ainsi, existe-t-il des versions romaines, de la Renaissance italienne, du XVIIIe siècle et du XIXe siècle.
- Au Ier - IIème siècle ap. JC, nous sommes en plein époque de la Rome Impériale. De nombreuses copies des modèles grecques sont réalisés par les sculpteurs. C'est le cas pour un grand nombre de statues, notamment le célèbre « Groupe du Laocoon ».
- Au XIVeme siècle en Italie, les collectionneurs fortunés achètent à prix d'or les sculptures en marbre antique. Les Médicis vont ainsi faire l'acquisition d'une sculpture célèbre représentant Vénus, appelé par la suite la « Vénus de Médicis ».
- Le XVIIeme siècle est appelé en France le Grand Siècle. C'est celui de Louis XIV, une époque classique, qui se nourrie des modèles antiques. La Villa Médicis accueil désormais les vainqueurs du Prix de Rome. Ce sont les meilleurs artistes de leurs générations, ils sont envoyés en Italie afin d'apprendre auprès des grands maîtres antiques, en copiant leurs œuvres. C'est ce qu'a voulu montrer Godfried Schalcken (1643–1706) dans son tableau (voir détail).
- A partir du XVIIIeme, les fouilles d’Herculanum (1738) et de Pompéi (1748), relancent le goût pour les modèles antiques. C'est l'âge d'or du Grand Tour en Italie, et des copies de cette sculpture vont être produites, comme ce sera le cas pour notre modèle.

Cette Aphrodite accroupie appartient au type de la « Venus Pudica », généralement représentée debout. C'est le geste de pudeur de la déesse qui inspira le nom de cette pause emblématique. Elle laisse au spectateur le loisir d'admirer sa beauté, à peine voilée d'un geste gracieux...
On pourrait se demander pourquoi le goût pour cette sculpture ne se tarie pas et au contraire survie au passage du temps. Si ce modèle de la Vénus accroupie a été si souvent repris, c'est certainement parce qu'il incarne la pérennité du pouvoir de séduction que le corps féminin exerce sur les hommes.

Notes :(1) il en fait mention au cours de sa description du portique d'Octavie dans son Histoire naturelle, XXXV, 35.