Style Autre / Ref.14748

Ernest GABARD, Lanceur de poids, vers 1926

Cette statue en bronze patiné représentant un lanceur de poids fut exécutée par Ernest Gabard vers 1926.

Ernest Gabard (Pau, 1879-1957) était un sculpteur et dessinateur palois. À l’âge de 17 ans, il suivit les cours de l’École des Beaux-Arts, à Paris, où il fréquenta l’atelier de Gabriel-Jules Thomas ainsi que celui d’Auguste Rodin, et les cours de l’anatomiste Edouard Cuyer. Toute sa carrière se déroula cependant à Pau.

Il est peu étonnant que cet artiste attaché à sa région ait choisi de prendre pour modèle le palois Charles Lagarde (1878-1954), son compatriote et contemporain, pour représenter un lanceur de poids. Cet athlète représenta la France aux Jeux Olympiques de 1908 et de 1912, dans les épreuves du lancer de disque et de poids. En 1912, il mena la délégation française lors de l’entrée des athlètes dans le stade olympique. S’il ne gagna pas de médaille olympique, il fut médaillé de bronze lors des championnats de France d’athlétisme en 1909, 1910 et 1911. Il était également journaliste sportif et présida la section paloise, l’un des clubs multisports de la ville de Pau, entre 1932 et 1952.

Dans cette œuvre, le sculpteur met en scène une figure en plein mouvement : la position du lanceur correspond précisément au moment précédant le lancer de poids. Les jambes fléchies, en appui sur la jambe arrière, le lanceur tend le bras gauche dans l’axe du lancer, tandis que le droit est encore replié. Le visage du lanceur, très jeune, mais à l’expression concentrée, est individualisé : un nez à la silhouette marquée surmonte une bouche dont la lèvre supérieure s’avance. L’athlète ne quitte pas des yeux son objectif. Le reste du corps est également admirablement détaillé. La musculature du haut du corps est plus développée que celle des jambes, plus fines.

Le sportif porte une tenue adaptée à son activité : son débardeur de sport laisse le buste libre de ses mouvements, ses fines chaussures, presque des chaussons, n’alourdissent pas le bas du corps. Une tenue très similaire est visible sur la photographie d’un lanceur de poids des Jeux Olympiques de 1912. Le musée des Beaux-Arts de Pau conserve deux autres épreuves de ce bronze, dont l’une comporte quelques très légères variations.

Cette sculpture, à partir d’un modèle individualisé, évoque donc la discipline du lancer de poids dans toute sa difficulté et dans la complexité de son geste, admirablement rendu.