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Style Japonisme / Ref.15287

André-Fernand THESMAR (1845-1912) et Ferdinand BARBEDIENNE : Assiette d’ornement japonisante

Dimensions
Largeur : 30cm
Profondeur : 30cm

Époque et provenance:
Entre 1872 et 1880
Monogramme dans l’émail : deux F et deux B entrelacés

Statut:
Parfait état.

Bronze doré et émail cloisonné

Sur un fond bleu prend place une scène naturaliste : trois oiseaux, aux différentes attitudes, sont perchés sur la fine branche d’un arbre. Autour d’eux se déploie une végétation faite de petites fleurs et, dans la partie basse, de feuilles plus épaisses. Au milieu de cette scène vient virevolter un papillon. Le thème et la composition rappellent tout à fait les émaux japonais, à un moment où l’Europe subit de plein fouet la vogue du Japonisme. L’émaillage cloisonné et le découpage du paysage par les oiseaux et les arbres fleuris sont à la manière naturaliste japonaise, mais la technique et le style sont européens et modernes, ce qui caractérise tout à fait le travail de Fernand Thesmar. C’est bien le bleu des émailleurs chinois et japonais qui forme le fond de ces tableaux. Le cloisonnement remplace le trait du dessin, et noyé dans la couleur, ne sert pas exclusivement de séparation des émaux polychromes mais aussi à souligner les formes. 

 

 

 

Suivant l’exemple de l’atelier d’émaillerie de la manufacture de Sèvres, Ferdinand Barbedienne (1810-1892) introduit l’émail dans sa fabrication d’objets d’art : émaux champlevés « byzantins » dès la fin des années 1850, puis émaux peints néo-Renaissance, et émaux cloisonnés d’influence extrême-orientale. Aucune autre firme ne parviendra à intégrer avec un tel succès l’emploi de l’émail dans une production à l’échelle industrielle. Après quelques essais avec des émailleurs indépendants, Barbedienne s’assure la collaboration exclusive de praticiens remarquables : Alfred Serre pour l’émail peint (avant 1872) et Fernand Thesmar pour l’émail cloisonné (à partir de 1872). Cette assiette est un bel exemple de l’importante fabrication que Barbedienne développe dans les années 1870-1880, à un moment où l’émaillerie de luxe sur métaux précieux connaît un véritable engouement. Les motifs de fleurs, oiseaux et insectes se retrouvent sur une série de pièces analogues, associant formes classiques et décors de goût oriental, notamment sur une coupe conservée au Musée d’Orsay, à Paris et sur une autre conservée à la Walters Art Gallery, à Baltimore. 

 

André-Fernand Thesmar, né le 4 mars 1843 à Châlon-sur-Saône, s’adonna tout d’abord à la peinture à l’huile et fut connu comme peintre de fleurs. Il s’était formé au dessin dans une manufacture d’impression sur étoffe de Mulhouse où il avait été placé à quatorze ans pour apprendre le métier de dessinateur industriel. Son maître était peintre de fleurs : il le fit « dessiner et disséquer la plante avec fureur, l’obligeant à une analyse anatomique des formes et à une copie minutieuse de la nature ». Il quitta ce milieu industriel pour venir à Paris en 1860 et se livra à diverses activités (atelier de dessin industriel et studio de décoration pour le théâtre chez Cambon). Ce fut probablement pour son talent de peintre que Thesmar fut remarqué en 1872 par Ferdinand Barbedienne. Chez Barbedienne, Thesmar succède à Tard à la direction de la production des émaux. Les réalisations de Thesmar et Barbedienne reflètent l’intérêt qu’ils ont eu pour les techniques et les compositions décoratives de l’émail japonais. C’est en qualité de « coopérateur de la maison Barbedienne » que Thesmar présenta à l’Exposition des Arts Décoratifs de 1874, Un coq faisan de la Chine et des Bouquets de fleurs de serre où l’on admira son talent de peintre de fleurs. Au Salon de 1875, Thesmar exposa deux grandes compositions en émail sur cuivre dont l’un représentait un échassier avec des nénuphars et des iris jaune vif, tout à fait dans le style de notre assiette et annonçant le style du retour à la nature. 

En 1891, Thesmar se tourna vers la décoration de la porcelaine et s’adressa à Charles Lauth qui, depuis 1879, dirigeait la Manufacture de Sèvres. C’est à cette date que la collaboration avec la Maison Barbedienne prend fin. Par la suite, il sera surtout connu pour avoir inventé la technique du « plique à jour », dont de nombreuses pièces sont conservées dans les collections publiques. 

 

 

 

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