Style Japonisme / Ref.16342

Maison DUVINAGE, Plateau à la grue en marqueterie d'ivoire

Ce plateau est tout à fait exceptionnel. Signé par Ferdinand Duvinage et par la Maison Alphonse Giroux, il est un des rares témoins de la technique de marqueterie d'ivoire brevetée par Mme Veuve Ferdinand Duvinage en 1877, après la mort de son époux.Un Brevet d'Invention pour « une mosaïque combinée avec cloisonnement métallique pour objets artistique et d'ameublement » est fait au nom de « Dame Veuve Ferdinand Duvinage » le 4 juin 1877. L'acte de brevet comporte un « Mémoire descriptif » relatant ce qui suit : « Le nouveau genre de mosaïque qui fait l'objet de cette demande de Brevet est destiné à rehausser et décorer l'ameublement artistique en général. Il a pour fond l'ivoire appliqué par collage ou autrement sur un panneau ou une assise en bois ou autre matière ; les morceaux d'ivoire sont cloisonnés par des bandes ou sillons métalliques, et les sujets décoratifs empruntés aux oiseaux, aux fleurs etc, sont produits par des incrustations ou appliqués en nâcre ou autre matière de diverses nuances. On obtient par cette triple combinaison de l'ivoire, de la nâcre et du métal décoratif et cloisonnant, les effets les plus attrayants ».Le plateau que nous vous présentons ici est dont tout à fait représentatif de cette production de luxe. Orné d'éléments décoratifs réalisés en bronze doré, ce plateau atteste d'une rare qualité d'exécution, ce qui le place au sommet des Arts Décoratifs de la deuxième moitié du XIXè siècle.Cette fabrication de luxe ne dure que très peu d'années, ce qui nous permet de la situer précisément dans le temps. Brevetée en 1877, cette technique ne fut utilisée que jusqu'en 1885, lors de la fermeture de la Maison Alphonse Giroux.La Maison Duvinage :Le magasin fut fondé par Alphonse Giroux en 1799, rue du Coq-Saint-Honoré, dans le Ier arrondissement de Paris. Jusque vers 1870, Alphonse Giroux puis ses deux fils, Alphonse-Gustave et André, se spécialisèrent dans les petits éléments de tabletterie et d'ébénisterie. Les Giroux proposaient ainsi à la vente petits objets de curiosité, tableaux et gravures. Le rôle de la Maison Giroux se rapproche donc de l'activité des grands marchands-merciers du XVIIIè siècle.L'arrivée d'Alphonse-Gustave à la direction de la société donne une forte impulsion à l'entreprise familiale et hausse la Maison Giroux au plus haut rang des commerces de luxe parisiens.En 1868, Ferdinand Duvinage, cousin d'Alphonse-Gustave, reprend la direction de l'affaire avec Harinkouck. Ce dernier n'est plus mentionné dès 1874. Grâce à Ferdinand Duvinage, la Maison Giroux prend un nouvel essor. Elle est présente à l' Exposition Universelle de Paris en 1867 où elle reçoit une médaille d'argent. En 1873, à Vienne, elle est récompensée de deux médailles du mérite.Cependant, Ferdinand Duvinage décède entre 1874 et 1877 laissant la direction de l'affaire à sa femme, Rosalie. En 1877, cette dernière fait breveter une technique de marqueterie d'ivoire. Durant une période de cinq à six ans, celle-ci fut utilisée afin d'orner des meubles et objets d'art luxueux d'inspiration extrême-orientale. A l'époque et encore aujourd'hui, ces objets rares sont considérés comme de véritables chefs-d'œuvre du Japonisme dans les Arts Décoratifs. Les premiers témoins de cette technique brevetée sont présentés à l'Exposition Universelle de 1878 ayant lieu à Paris.